Les places financières internationales commencent à reprendre, tirées par le redressement de certaines banques internationales. Signe positif de reprise à grande échelle ? Pas si sûr. Les effets de la crise des crédits hypothécaires américains (subprime) sont loin d'être effacés. Selon une récente étude réalisée par le cabinet de consultants Oliver Wyman et le groupe de services de gestion de crédit Intrum Justitia, les banques européennes pourraient perdre 120 milliards de dollars sur leurs opérations de prêts à la consommation et de prêts hypothécaires au cours des trois prochaines années. Aussi, les pertes des banques liées au crédit à la consommation et au crédit hypothécaire devraient atteindre 34,7 milliards d'euros cette année et 42,5 milliards en 2009. "Les banques souffrent déjà de coûts de financement plus importants et d'un manque de liquidités, mais avec la forte baisse du marché de l'immobilier dans certains pays et la dégradation générale de l'environnement macroéconomique couplée à la hausse de l'inflation, nous nous attendons à ce que les pertes liées au crédit en Europe augmentent encore rapidement", écrit Matthew Sebag-Montefiore, d'Oliver Wyman.L'étude précise que la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne seront les plus touchées dans la mesure où ces pays présentent des situations associant une politique de crédit très agressive de la part des banques et un environnement économique se dégradant fortement.En Grande-Bretagne, les pertes pourraient atteindre 21 milliards d'euros en 2009, en hausse de plus de six milliards d'euros par rapport à 2007. La dernière victime en date s'appelle HBOS, incapable de mener à bien une augmentation de capital sans le soutien de ses garants...Les dépréciations liées au marché hypothécaire britannique devraient quant à elles bondir à 3,5 milliards d'euros en 2008 et 4,7 milliards d'euros en 2009, à comparer avec de 700 millions d'euros de l'année dernière.La grande banque britannique HBOS, souhaitait lever 4 milliards de livres Sterling (environ 5 milliards d'euros) sur le marché pour éponger les pertes liées à la crise du crédit. Lancée en mai dernier, l'opération n'a été suivie que par... 8,3% des actionnaires! Il faut dire que dans l'intervalle, le cours de bourse a dégringolé sous le prix, pourtant généreux à l'époque, auquel l'opération avait été programmée.Si les choses en restaient là, HBOS n'empocherait que 331 millions de livres, somme largement insuffisante pour restaurer sa solidité financière. Fort heureusement pour l'établissement, très présent sur le marché du prêt immobilier outre-Manche, son augmentation de capital était assortie d'une garantie des banques organisatrices. Du coup, l'américaine Morgan Stanley et l'allemande Dresdner, qui orchestraient le placement, auront à souscrire elles-mêmes aux actions non réclamées, à moins qu'elles ne parviennent à en placer tout ou partie d'ici à demain après-midi, puisqu'elles bénéficient d'un délai supplémentaire pour éviter un joli fiasco. Il se murmure même à la City que les deux banques d'affaires, voyant le désastre se profiler, ont rémunéré les investisseurs qui se portaient acheteur ou fournissaient leur garantie à hauteur de 40% de l'opération.En Espagne, les pertes liées aux prêts à la consommation et aux prêts hypothécaires augmenteront de 2,1 milliards d'euros par rapport à 2007, estime l'étude.