Flirtant avec les 117 dollars le baril, les cours du brut plongent de 20% depuis leur record du 11 juillet. Un seuil considéré comme le début d'un marché baissier. Le recul de la demande d'hydrocarbures est enfin pris en compte. C'est certainement la principale carte maîtresse dont dispose encore l'économie mondiale. Celle d'un prix du pétrole revenant vers les 100 dollars. Soudain, la menace du grand retour de l'inflation s'évanouirait, permettant aux banques centrales de consacrer leurs forces au soutien d'une croissance économique faiblissante grâce à des baisses de taux d'intérêts. Une politique qui permettrait également aux marchés immobiliers de se stabiliser, offrant à un système bancaire en pleine crise le vrai répit attendu depuis des mois. La dépréciation de 30 dollars connue par le prix du baril en moins d'un mois relance l'espoir d'un tel dénouement. Hier en fin d'après-midi le baril continuait de baisser, s'échangeant à un peu plus de 118 dollars, bien loin du record historique de 147,27dollars atteint le 11 juillet. L'horizon des 100 dollars paraît encore bien éloigné cependant. "N'oubliez pas que, abstraction faite du coup de chaud des 9 et 10 juillet - qui a fait bondir les cours de 10 dollars à plus de 145 dollars - la baisse observée ces dernières semaines reste similaire aux corrections déjà connues depuis le début de l'année", relativise Harry Tchilinguirian, spécialiste de BNP Paribas à Londres. En clair, le mois écoulé ne suffit pas à célébrer la fin des prix records du brut. Car l'équilibre des approvisionnements de la planète en brut n'a en rien réellement basculé en l'espace d'un mois. Destruction de la demande C'est en réalité davantage le sentiment régnant sur les marchés internationaux sur lesquels sont fixés les prix de la précieuse huile qui a changé. Obnubilés durant des mois par la crainte d'une pénurie imminente de l'offre - la concrétisation immédiate de la thèse du "peak oil" - ceux-ci sont devenus plus sensibles à l'argument d'un ralentissement de la demande, jusque-là ignoré. Mais bien réel. Selon l'API, l'organisation représentant l'industrie pétrolière américaine, la consommation d'hydrocarbures a décliné de 3% sur les six premiers mois de 2008 aux Etats-Unis. Du jamais vu depuis dix-sept ans. "L'impact sur la demande d'essence a commencé à se faire sentir durant la dernière semaine de mai, lorsque les prix à la pompe ont dépassé 3,90dollars le gallon", relate Larry Chorn, économiste en chef de l'agence d'information spécialisée Platts. Le retour de l'Irak Le marché commence également à réaliser que, sur le front des approvisionnements, le "pic" n'est peut-être pas pour tout de suite. Les pays de l'OPEP continuent d'accroître leur offre: en juin dernier, celle-ci était supérieure de 1,8 million de barils à celle fournie un an plus tôt. De quoi alimenter un pays comme le Royaume-Uni. Disposant des troisièmes plus importantes ressources de la planète, l'Irak revient également sur le devant de la scène: sa production a retrouvé le niveau affiché avant l'invasion américaine de 2003, selon un rapport du Pentagone. "Le prix du petrole evoluera entre 105 et 125 $ ces trois prochains mois" Petroplus, avec son parc de raffineries étoffé, a réalisé une très bonne performance au premier semestre. Le groupe zougois a dégagé un bénéfice net de 725,4 millions de dollars, soit près de sept fois et demi le résultat réalisé un an plus tôt. Le chiffre d'affaires a lui plus que triplé à 14,93 milliards de dollars (+235%), soit environ 15,75 milliards de francs, a indiqué Petroplus jeudi. La période avril-juin a été le premier trimestre intégrant la totalité des activités des sept raffineries du groupe. Car en un an et demi, Petroplus a augmenté massivement ses capacités par des rachats. Il compte désormais sept sites: Petite Couronne et Reichstett (France), repris au printemps dernier, Ingolstadt (Allemagne) et Coryton (Grande Bretagne), rachetés en 2007, Teesside (Grande Bretagne), BRC (Belgique) et Cressier (Neederland). Les raffineries totalisent ensemble une capacité de production de 864 000 barils par jour. Même une fois soustraits, les bénéfices liés au contexte de hausses des tarifs et à des éléments exceptionnels, les chiffres illustrent la forte rentabilité de chacune des raffineries, a commenté Thomas O'Malley, président du conseil d'administration. Petroplus souligne que les prix du pétrole brut sont élevés et volatils, ce qui tend à freiner la demande. Le groupe estime que le prix du baril évoluera entre 105 et 125 dollars ces trois prochains mois, en raison d'une demande plus faible et d'une offre un peu plus élevée. Si une période de stabilité s'installe dans cette fourchette, l'érosion de la demande sera limitée, juge Petroplus. L'entreprise pense pouvoir maintenir ses marges au second semestre, mais ne fait pas de prévision annuelle détaillée. Performance convaincante Cette robuste performance ravit les investisseurs. Le groupe avait déjà annoncé en juillet les nets progrès attendus, ce qui avait fait flamber son action à la Bourse suisse. Cela n'a pas empêché le titre de bondir une nouvelle fois jeudi, gagnant quelque 7% à 49 francs dans un marché qui progressait modestement. Et Petroplus ne compte pas s'arrêter en si bon chemin: il est toujours à la recherche d'acquisitions aux Etats-Unis. Dans ce but, il poursuit la collaboration entamée en février avec les fonds américains First Reserve et Blackstone. La structure commune qui a été créée dispose de deux milliards de dollars apportés à parité par les trois partenaires. "Nous n'avons pas encore trouvé d'objet digne d'intérêt", a toutefois expliqué M. O'Malley en conférence téléphonique. Les montants évoqués aux Etats-Unis restent encore nettement exagérés, et Petroplus ne veut pas croître à n'importe quel prix.