En dépit des efforts consentis par l'Etat pour soutenir la filière lait et par là même conserver le pouvoir d'achat du simple citoyen à travers le soutien du prix du sachet de lait toujours fixé à 25 DA, il n'en demeure pas moins que les professionnels ne cessent d'évoquer les difficultés qu'ils rencontrent au quotidien. C'est, d'ailleurs, dans un souci d'attirer l'attention des pouvoirs publics que les opérateurs économiques de la filière lait, sous l'égide de leur fédération, se sont réunis en assemblée générale à plusieurs reprises depuis le début de la crise en janvier 2007. Ces derniers, contestent le prix administré dépassé et appellent, à chaque fois, les pouvoirs publics à la vigilance. Les professionnels du lait insistent surtout sur l'impératif d'arrêter une stratégie pour apporter des solutions dans le cadre d'une concertation et éviter l'asphyxie de la filière. D'autres opérateurs soulignent, notamment, l'insuffisance de l'offre de la poudre de lait sur le marché international, la réduction des subventions de la Communauté européenne et la hausse de l'euro par rapport au dinar algérien. Alors qu'elle était vendue pratiquement à 1 800 euros la tonne sur le marché international, la poudre de lait d'une teneur de 26% en matières grasses est actuellement cotée à plus de 2 500 euros, soit une hausse de quelque 40%. A tous ces facteurs vient se greffer l'augmentation de 30% du prix de l'emballage pour certains opérateurs, une hausse qui se répercute directement sur le prix de vente de ce produit sur le marché algérien. Face à cette crise, l'Algérie a lancé, en 2007, un appel d'offre international pour l'importation d'urgence de 20 000 tonnes de lait afin de juguler la crise sur le marché national du lait. Une subvention exceptionnelle de 111 millions d'euros a été consacrée à l'importation de poudre de lait pour soutenir les prix à la consommation. Les autorités voulaient maintenir ainsi à 25 dinars le prix du litre de lait à la consommation, en compensant la différence entre le prix à l'importation et le prix administré. Sur le montant annuel prévu, une subvention de 60 millions d'euros a été libérée pour peser sur le marché, qui connaissait déjà de graves perturbations depuis plusieurs mois. La grande entreprise publique Giplait avait même tenté de juguler la pénurie en arrêtant sa production des produits dérivés à plus forte valeur ajoutée (fromages, yaourts etc..) au profit du lait en sachet de consommation courante. L'Etat a pris, ainsi, en charge la différence dans le prix de la production versée sous forme de subvention aux producteurs. Ce soutien est estimé à 13 DA par litre de lait, dont 7 DA pour la production, 4 DA pour la collecte et 2 DA pour l'intégration. En sachant que ces subventions ne sont pas la solution à long terme, l'Etat, rappelait à chaque fois, la nécessité de recourir à la production nationale pour combler le déficit en matière de production laitière. Et c'est bien là que réside tout le paradoxe de la filière laitière algérienne qui n'a pas su tirer bénéfice de sa situation structurellement déficitaire en produits laitiers. Le symptôme en est le manque de dialogue au sein d'une organisation interprofessionnelle du lait, dont la création est toute récente. Aujourd'hui, seul le secteur de l'ultra-frais tire son épingle du jeu. Tandis que bon nombre de transformateurs algériens peinent à innover et se cantonnent au lait de consommation, le plus souvent le lait en sachet.Dans ce contexte, le secteur de la transformation, même s'il peut y trouver un intérêt dans le court terme, paraît assez mal armé pour une plus grande libéralisation des échanges et une sortie du régime des quotas laitiers.