Bien long est le processus d'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Et si l'on se réfère aux différentes déclarations des représentants du département du commerce sur l'adhésion imminente, on se dit qu'il y a bien de quoi s'impatienter. Pour l'heure, les négociations sont à l'arrêt. Un onzième round qui devait avoir lieu en juin ou juillet et lequel devait être le dernier n'a finalement pas eu lieu. Pourtant, le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, et des membres du groupe des négociateurs algériens, entre autres Saïd Djellab et Cherif Zaâf, avaient annoncé que les négociations sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC allaient reprendre en juillet et avaient, dans ce registre, souhaité qu'elles aient lieu en juin. Djellab a même confirmé en avril dernier, la signature d'accords avec 5 pays sur 16 dans le cadre des négociations bilatérales.En tout état de cause, une récente déclaration du responsable de la négociation est lourde de sens. En somme Il reste encore "beaucoup de travail" à faire avant que l'Algérie puisse adhérer à l'OMC.Il faut dire que les négociations traînent depuis 20 ans. Le groupe de travail de l'accession de l'Algérie a été installé le 17 juin 1987. Il s'est réuni pour la première fois en avril 1998. Si du côté algérien aucune évaluation officielle de l'état d'avancement de ces négociations n'est faite à ce jour, à Genève, siège de l'OMC, on estime que l'accession à l'OMC n'est pas la principale priorité des autorités algériennes. C'est ce qu'a signifié clairement le Français Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, dans une rencontre avec la presse internationale. Pourtant, le système d'accession est, pour Pascal Lamy, relativement simple. Accéder au club, c'est bénéficier des services du club et pour y accéder chaque pays doit suivre des procédures. D'abord, il s'agit, en théorie, de négocier avec chaque Etat membre un aspect lié à l'ouverture supplémentaire du marché aux marchandises et aux services. Alors où se situe le blocage avec l'Algérie ? En réalité, les négociations se font surtout avec les Européens et les Américains qui contrôlent presque 50% du commerce mondial. Les négociations bilatérales en matière d'accès aux marchés sont en cours sur la base d'offres révisées concernant les marchandises et les services. Ainsi, les membres du groupe de travail on souligné les progrès de l'Algérie en ce qui concerne la réforme de son régime de commerce, afin de le rendre pleinement compatible avec les règles de l'OMC. L'Algérie a ainsi adopté de nouvelles lois en matière d'obstacles techniques au commerce (OTC), de mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), de propriété intellectuelle (ADPIC), de pratiques antidumping, de sauvegardes et de mesures compensatoires, de politiques des prix, d'évaluation en douane, d'importation de produits pharmaceutiques et de boissons alcoolisées; et d'exportation de viandes bovine et ovine et de palmiers. Malgré ces nouvelles mesures législatives, les membres ont indiqué qu'il restait encore beaucoup à faire dans les domaines de la gestion des entreprises d'État, du prix des hydrocarbures, des droits de commercialisation et de présence commerciale, de régime fiscal (TVA et autres taxes à la consommation), des subventions à l'exportation, des mesures SPS, OTC et ADPIC.Aussi, ils ont instamment invité l'Algérie à mener à bonne fin les négociations bilatérales en cours sur l'accès aux marchés pour les marchandises et les services. L'Algérie a achevé ses négociations avec le Brésil, l'Uruguay, Cuba, le Venezuela et la Suisse et elle doit encore faire de même avec les CE, le Canada, la Malaisie, la Turquie, la République de Corée, l'Équateur, les États-Unis, la Norvège, l'Australie et le Japon. Certains responsables au sein de l'OMC estiment que les négociations entre l'Algérie et l'organisation multilatérale sont trop lentes. "Elles sont autant lentes que les réformes économiques".