Bouclé il y a déjà plus de trois ans, “Si M'hand U M'hand, l'insoumis” qui fut cosigné par Lyazid Khodja et Rachid Ben Allel est depuis hier sur quelques écrans français. Une distribution minime et tout à fait tardive dans pas plus de deux villes françaises à savoir Montpellier et Perpigan.Si Mohand U M'hand, un des rares longs-métrages d'expression amazighe qui peut être classé dans la lignée de Machaho de Belkacem Hadjadj ou encore La montagne de Baya de feu Azzeddine Meddour, nous replonge dans le cinéma algérien de l'après indépendance dont les thèmes majeurs fuirent ceux de la lutte armée et de l'exacerbation du sentiment patriotique. Si Mohand U M'hand, l'insoumis, est consacré certes à la vie du poète algérien du 19e siècle, mais retraduit tout le contexte colonial de l'époque de façon tout à fait caricaturale. Ce long- métrage qui a mis plusieurs années pour voir le jour et qui a reçu un budget colossal de “l'Année de l'Algérie en France ”, du ministère de la culture, une aide de l'ex-gouvernorat du grand Alger, sera ainsi commercialisé en France après quelques passages dans les festivals et quelques projections dans les villes kabyles du pays et notamment à la capitale. Une représentante de la compagnie “ Les films des deux rives ” qui a assure sa distribution en France a indiqué à l'APS que “ les deux copies disponibles de Si Mohand U M'hand seront projetées dans un premier temps à Montpellier et Perpignan ”. Le film sera présenté dans les deux villes par la comédienne Djamila Amzal, distribuée dans le film de Lyazid Khodja et révélée par le défunt Azzedine Meddour dans La Montagne de Baya. Ce long-métrage qui révèle un peu l'existence de quelques films d'expression amazighe est le portrait du poète errant, Si M'hand U M'Hand. Un homme qui n'a à aucun moment baissé l'échine devant le colonisateur français et qui a aidé son peuple à prendre conscience de sa propre liberté. La famille de Si Mohand U M'hand a participé pleinement à la guerre quoiqu'elle soit étrangère au village où il voit le jour. Celle-ci vient de s'y réfugier depuis peu pour fuir les suites d'une vendetta. Puis Mohand encore enfant voit les troupes du Général Randon monter à l'assaut du massif Kabyle. Ichariouan, son village, est détruit et ses habitants dispersés. C'est le deuxième exil du poète. Quatorze ans plus tard, la grande révolte de 1871 soulève le pays, la famille de Mohand s'y engage tout entière. Après la défaite, le père du poète est jugé, condamné et passé par les armes à fort national sur les lieux mêmes de son premier village détruit. Son oncle est déporté en nouvelle Calédonie. Son frère fuit en Tunisie et lui-même ne doit la vie sauve qu'à l'intervention d'un officier français. Tous les biens de la famille sont confisqués. Mohand réduit à l'indigence, quitte la montagne natale et s'en va. C'est son troisième et définitif exil. Il passera désormais sa vie à parcourir les villes et les routes d'Algérie et quelques fois de Tunisie, il vit au jour le jour, au fil des circonstances. Il prend conscience du caractère singulier de son destin et l'accepte comme tel. Pour s'étourdir, il s'adonne, d'abord avec réticence, et à la fin avec frénésie, à tous les plaisirs défendus : les filles, le vin, l'absinthe, le haschich, la cocaïne. Vivant d'expédients, il hante les cafés maures, les bistrots, tous les lieux où l'on tâche de s'étourdir et de prendre du bon temps... Poète jusqu'à la lie, Si M'hand U M'hand sera mort dans l'errance d'une terre encore confisquée par le colon...