Les ventes de détail aux Etats-Unis ont reculé de manière inattendue en août, traduisant un net essoufflement de la consommation, ce qui promet des jours difficiles à l'économie américaine au moment où elle peut de moins en moins compter sur le commerce extérieur. Par ailleurs, les prix à la production aux Etats-Unis ont reculé en août pour la première fois depuis le début de l'année, dans le droit fil du repli des cours du brut. Cette baisse, supérieure aux attentes des analystes, atténue un peu leurs inquiétudes concernant l'inflation, même si plusieurs d'entre eux jugent prudent d'attendre plusieurs mois avant que les craintes soient totalement dissipées sur ce front. Selon les chiffres publiés vendredi par le ministère du Travail, les prix à la production aux Etats-Unis ont reculé en août de 0,9% par rapport à juillet, après avoir augmenté de 1,2% le mois précédent. C'est la première baisse de l'indice depuis le début de l'année et la plus forte depuis octobre 2006. Les analystes tablaient sur un recul de 0,5%. Les ventes de détail ont reculé de 0,3% en août par rapport à juillet, après une hausse de 0,1% le mois précédent. Hors automobile, la tendance est encore plus marquée, avec une baisse de 0,7% en août (+0,3% en juillet), a indiqué vendredi le département du Commerce. Pour août, les analystes tablaient sur une hausse des ventes de détail de 0,3%, et sur un léger recul hors automobile (-0,2%). Ces chiffres indiquent que l'effet des chèques de remises d'impôts envoyés au printemps dans le cadre du plan de relance budgétaire s'est nettement estompé, voire a pris fin dans la période estivale. "La faiblesse des ventes de détail hors automobile suggère que les consommateurs ont ajusté leur dépenses à la baisse, malgré un affaiblissement des pressions inflationnistes en août", a estimé Amine Tazi, de Natixis. Ce reflux de l'inflation a été symbolisé par la première baisse de l'année pour les prix à la production en août (-0,9% par rapport à juillet, après +1,2% le mois précédent), selon les chiffres publiés par le ministère du Travail. Mais les consommateurs souffrent d'une "gueule de bois post-relance budgétaire", a relevé Brian Bethune, de Global Insight, en estimant que les dépenses de consommation allaient reculer de 1,1% au troisième trimestre. La reprise des ventes d'automobiles et d'équipements automobiles en août (+1,9%) est trompeuse après un mois de juillet désastreux (-4,3%). "Ce rebond n'est vraisemblablement pas durable, la tendance étant calamiteuse" pour ce secteur, a commenté Ian Shepherdson, de High Frequency Economics. Les Américains réduisent leur recours à l'automobile: les ventes des stations-essence ont reculé de 2,5% (après +0,2% en juillet), tendance accentuée par le recul des prix à la pompe sur ce mois d'août. Les secteurs les plus touchés par la faiblesse de la consommation ont été les magasins de bricolage et de jardinage (-2,2%) ainsi que ceux d'électronique et électroménager (-2,2%). L'habillement est également en recul (-0,3%), et les grands magasins souffrent particulièrement (-1,5%). Parmi les hausses, celles des biens de consommation courante, les magasins d'alimentation (+0,7%), de produits d'hygiène et de soins (+0,2%), et de sports et loisirs (+0,5%). Les ventes de magasins de meubles sont restées stables. Les consommateurs ne plongent pas pour autant complètement dans la déprime, l'indice de confiance mesuré par l'université du Michigan, pour septembre, s'étant même redressé bien plus que prévu, à 73,1 points contre 63,0 en août: il s'est ainsi établi au plus haut depuis janvier. La consommation contribue traditionnellement pour deux tiers à la croissance aux Etats-Unis. Avec les pressions sur le pouvoir d'achat des ménages, l'économie a dû trouver un autre moteur, en l'occurence le commerce extérieur qui a profité d'un dollar faible. Le billet vert s'étant nettement repris depuis la mi-juillet, la croissance des exportations devrait cependant ralentir en août, après avoir atteint 3,7% en juin et 3,3% en juillet.