Les quatre membres européens du G8 ont dressé samedi un catalogue de mesures pour faire face à la crise financière et pris l'engagement solennel de soutenir les banques européennes au moment même où l'une d'elle menace de faire faillite en Allemagne. A l'issue d'un mini sommet de quelques trois heures samedi à Paris, le président français, entouré de la chancelière allemande Angela Merkel et des Premiers ministres britanniques Gordon Brown et italien Silvio Berlusconi, annoncé que e G4 souhaitait un sommet international " le plus tôt possible " pour revoir les règles du capitalisme financier ". Etaient également présents les présidents de la commission européenne José Manuel Barosso de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et de la banque centre européenne (BCE) Jean-Claude Tricjet. Sarkozy avait pris l'initiative de ce mini sommet à Paris en tant que président en exercice du conseil européen. Le G4 n'a pas endossé l'idée d'un fonds européen de soutien qui avait avancé avant la réunion avant d'être catégoriquement rejetée par l'Allemagne. Chaue pays doit " prendre ses responsabilités au niveau national " face à la crise des banques mais dans porter atteinte aux intérêts des autres Etats européens, a ainsi souligné samedi Angela Merkel. La chancelière allemand s'est retrouvée confrontée samedi au cas de la banque Hyp Real Estate au moment où se déroulait la réunion de Paris. La source des difficultés actuelles d'Hyp real Estate semble être sa filiale germano-irlandaise Depfa, achetée en octobre 2007 et spécialisée dans le financement de projets d'infrastructures ou publics. Mme Merkel a d'ailleurs concentré samedi ses tirs sur l'Irlande. Elle a estimé que les plans de sauvetage décidés dans chaque pays devaient respecter les règles d'une concurrence loyale entre banques européennes et a dit d'être " pas satisfaite " de l'initiative du gouvernement irlandais d'apporter sa garantie aux dépôts des plus grandes banques de ce pays. " Nous avons déjà demandé à la Commission européenne et à la Banque centrale européenne de chercher à discuter avec l'Irlande. Il est important d'agir de manière équilibrée, et de ne pas se causer de dommages entre pays, il faut des démarches qui respectent la concurrence " a-t-elle dit. L'Irlande a annoncé un plan de garantie à l'ensemble des dépôts bancaires et des dettes avec environ un montant de 400 milliards d'euros, un plan qualifié de " très osé " par d'autres pays européen dont l'Allemagne principalement. Reprenant un thème qu'il a déjà développé à plusieurs reprises, le président français Nicolas Sarkozy a souligné qu' " en cas de soutien public à une banque en difficulté, chaque Etat membre du G4 s'engage à ce que les dirigeants qui ont failli soient sanctionnés ". Il a reçu le soutien de Mme Merkel pour qui il faut " demander des comptes aux responsables et nous doter de règles et dispositifs qui n'empêcheront ces crises à l'avenir ". Sur un autre registre, Nicolas Sakozy a jugé que " la commission européenne devrait faire preuve de flexibilité dans l'application des règles en matière d'aide d'Etat aux entreprises, comme dans les principes du marché unique ". Plusieurs banques dans différents pays européens ont du être enflouées, voire nationalisées, avec l'argent public ce qui en principe peut constituer une entorse aux règles européennes sur la concurrence. Selon Sarkozy " l'application du parc de stabilité et de croissance devrait refléter les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons ". " Nous sommes là pour inspirer confiance à nos compatriotes et donner de la stabilité ", a déclaré Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE) sur les plateaux de France 24. Quelques heures avant son intervention, la BCE a annoncé qu'elle avait décidé de conserver son principal taux directeur, qui détermine les conditions de crédit pour les ménages et les entreprises en zone euro, à 4,25%. Un choix qui déplaît à plusieurs pays européens dont la France.Pour le président de la BCE, " cette décision n'est pas contraire aux attentes " des gens. " Nous voyons dans l'économie réelle des facteurs qui vont diminuer les risques de l'inflation future " a-t-il expliqué avant d'ajouter que c'était la raison " pour laquelle tout en notant que les risques diminuaient, nous avons préservé les taux d'intérêt tels qu'ils étaient juste avant la réunion ". La décision de la BCE suit une voie opposée de celle de la réserve fédérale américaine (Fed) qui avait drastiquement réduit son principal taux après l'effondrement des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis (subprimes début 2008). Une réelle indépendance par rapport aux Etats-Unis. Malgré les risques que représentant une telle divergence de décision, un euro trop fort et un ralentissement de la croissance, Jean-Claude Trichet estime que " chacun doit faire face à une économie qui a ses propres problèmes " " Dire que nous devons imiter les Etas-Unis est naïf. Nous ne sommes pas les Etats-Unis ", a-t-il ajouté balayant du même coup d'hypothèse d'avoir recours en Europe à un plan de sauvetage du système bancaire similaire à celui adopté le sénat américain (vendredi NDLR). Les événements en face de nous sont probablement les plus graves depuis la seconde guerre mondiale " a-t-il dit, rappelant toutefois que la BCE avait prévu ces événements. Il a cependant rappelé, qu'à côté de la crise, d'autres facteurs entrent en jeu, le prix du pétrole par exemple. " s'il continue de baisser ce sera bon pour la croissance " a-t-il ainsi affirmé. Selon les observateurs, face à la crise financière, les pays européens n'ont pas trouvé une solution commune contre la crise. Ce mini sommet, à l'initiative du président Sarlozy, vise à coordonner la position devant le risque d'une nouvelle grande faillite bancaire en Europe qui semble ne pas être écartée.