Au moment où Américains et Européens remuent ciel et terre pour endiguer la crise, à grands renforts de fonds publics, nos observateurs nationaux cherchent à calculer jusqu'où les marchés peuvent descendre. Pure perte de temps, vu que le facteur des incertitudes de cette crise financière diffère totalement des précédentes déroutes boursières. Tous les krachs connus étaient dus à des événements particuliers, à l'instar d'une crise pétrolière, une crise de taux ou l'endettement excessif des sociétés technologiques, l'éclatement ou le dégonflement d'une bulle bien identifiée donnait par conséquent le signal d'un rebond prévisible. Or, l'actuelle crise n'en est qu'à ses débuts mais prend, au fil des jours, des proportions alarmantes. Dire alors qu'on en est à l'abri ou encore se voiler la face sous d'autres prétextes serait erroné. Il est connu que la structure de notre commerce extérieur et des règles imposées en matière de finances impose au pays plusieurs contraintes .Le dollar demeure toujours la seule monnaie d'échanges et de payement de nos exportations d'hydrocarbures, qui, faut-il le dire, représentent 98% de nos recettes extérieures. Si l'on rajoute la chute de la réserve énergétique notre commerce extérieur, notre balance et la réserve en devises en pâtiront tôt ou tard. C'est que la moindre fluctuation de cette devise par rapport à l'euro, par exemple, représenterait des pertes de change en milliards de dollars. Même si la moitié est placée sous d'autres devises, l'impact serait le même. Quant aux obligations du Trésor américain détenues par l'Algérie, d'aucuns n'ignorent que ces placements se font à perte. Puisqu'en réalité, ni la valeur ni la sécurité de leur détention ne sont garanties sachant que le pouvoir d'achat de ce capital évolue avec le taux de change du dollar comme avec le taux d'inflation international. Or, pour que ces placements soient bénéfiques et rentables il faudrait que leurs produits soient positifs. Ce qui n'est pas le cas. Dans ce sens, les prévisions des experts internationaux quant à la valeur future du dollar rend plus d'un sceptique. D'aucuns s'accordent à dire que le système économique, tel qu'il est construit n'est plus opérant. Or, la question qu'il faudrait se poser aujourd'hui, suite à l'ampleur des pertes des banques, consiste à savoir si elle ne va toucher l'ensemble de l'économie et de la finance mondiale, entreprises non financières comprises. Là, ce serait une autre paire de manches…