Joaquin Almunia, Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, interrogé jeudi sur les sept banques centrales, dont la BCE et la FED qui ont baissé leurs taux directeurs, estime que c'est un soulagement pour les marchés financiers." J'espère qu'ils vont l'apprécier ainsi, c'est une bonne nouvelle que les banques centrales des principales économies mondiales réagissent de façon coordonnée. C'est un signe positif pour les marchés ainsi qu'un bon exemple incitant les gouvernements à améliorer leur coordination ".Evoquant les raisons qui ont amené à avoir ce trop plein de liquidités, il explique : " Les risques ont été sous-estimés et cela a poussé beaucoup d'investisseurs à prendre des risques irraisonnés, à cause du bas niveau des taux d'intérêts avant 2007. A présent, au point où nous en sommes, cette mesure prise par les banques centrales est censée soulager le marché et alléger les difficultés rencontrées par ses acteurs ". Cette baisse des taux est-elle vraiment opportune vu l'état de santé de l'économie mondiale ? Almunia dit : " Dans le contexte actuel, il est essentiel de recapitaliser les établissements financiers. Il faut leur permettre d'avoir suffisamment de capital pour revenir à la normale dans leurs opérations de crédit. Il est aussi primordial de redonner confiance aux établissements bancaires pour qu'ils recommencent à se prêter de l'argent et que le marché interbancaire fonctionne à nouveau ".Parlant de l'idée de recapitaliser les banques en créant un fonds commun au niveau européen, il pense qu'il y a des propositions pour coordonner l'action des gouvernements européens et pour que chacun crée un fonds dans son propre pays, " nous avons parlé de cette possibilité lors de la dernière réunion des ministres des Finances des 27. Mais personne n'a suggéré de mettre en place un fonds européen ". La proposition des Pays-Bas et d'autres gouvernements a pu être interprétée comme une tentative de créer un fonds centralisé, ici à Bruxelles, mais, en réalité, personne n'a fait une telle proposition, explique-t-il. " J'insiste. Nous devons être réalistes, l'utopie n'a pas sa place aujourd'hui. La proposition la plus réaliste, c'est que chaque pays mobilise des ressources publiques ou privées. Si, en plus, c'est fait de manière coordonnée, cela aidera à développer la confiance entre les établissements financiers sur les marchés intérieurs, comme au niveau interbancaire ".Analysant les inquiétudes des citoyens européens pour leur épargne, Joaquin Almunia souligne que personne ne verra s'envoler ses économies. " Certains établissements financiers ont des problèmes mais grâce aux nationalisations partielles ou à la reprise des banques en difficulté par d'autres établissements bancaires, personne n'a perdu son épargne ".Soulevant l'injection des liquidés par les Etats membres pour nationaliser en partie les banques et qui risque de mettre en danger le pacte de stabilité, le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires estime que le pacte de stabilité fonctionne et continue à fonctionner. " Quand il a été réformé en 2005, nous avons inclus des clauses pour permettre une certaine latitude d'action en cas de ralentissement de l'économie. A l'époque on ne s'attendait pas à vivre une période aussi difficile qu'aujourd'hui. Cette flexibilité va être utile, parce que je sais que certains déficits publics vont augmenter, certains d'ailleurs se sont accrus. Mais je peux vous dire qu'il y un consensus général sur le besoin de respecter le plus possible les règles budgétaires de stabilité et de croissance prévues par le pacte. Cela a été redit lors de la dernière réunion des ministres des Finances, en début de semaine, comme lors de la rencontre au sommet à Paris, à l'unanimité totale ".