Sous pression, l'Europe et les Etats-Unis se mobilisaient hier, sur tous les fronts pour contrer les menaces de récession et rassurer les marchés financiers, toujours nerveux après deux semaines de tempête.Alors que Washington mettait le cap sur un nouveau plan de relance, les pays de l'Union européenne commençaient à annoncer, en ordre dispersé, de timides mesures de soutien de leurs économies, toujours plus fragilisées par la crise. Signe des craintes sur la résistance de l'économie européenne, l'euro est passé sous 1,31 dollar pour la première fois depuis le 9 mars 2007. Le billet vert revient en grâce, les cambistes tablant sur un deuxième plan de relance américain. La Maison Blanche s'est de nouveau dite ouverte mardi à la possibilité d'un tel plan, après celui de 168 milliards de dollars mis en place au printemps dernier. L'idée avait été avancée la veille par le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke. Le temps presse, car "l'économie américaine est déjà en récession", a jugé mardi la Banque centrale du Canada. Elle a annoncé une baisse d'un quart de point de son taux directeur à 2,25% pour tenter de stimuler la croissance de l'économie qui a commencé à donner des signes d'essoufflement. Le président français Nicolas Sarkozy a prôné à nouveau au Parlement européen à Strasbourg un plan européen coordonné de relance économique, écarté par les dirigeants européens lors de leur sommet la semaine dernière. "Cela ne veut pas dire qu'on va vider les caisses, faire de la relance en dépensant l'argent qu'on n'a pas. Mais est-ce que ça ne mériterait pas qu'on en parle entre nous pour construire une réponse coordonnée?", a-t-il plaidé. La tendance des marchés financiers était hésitante mardi. Londres et Francfort ont perdu respectivement 1,24% et 1,05% en clôture. Portée par les valeurs bancaires, la place de Paris résistait mieux, terminant en hausse de 0,78%. Vers 18H30 GMT, la Bourse de New York était légèrement dans le rouge, le Dow Jones abandonnant 0,5% et le Nasdaq 1,5%. En Asie, le tableau était également mitigé. Tokyo a clôturé en hausse de 3,34%, mais Hong Kong a cédé 1,8% et Shanghai 0,78%. "Même si les marchés financiers paraissent se stabiliser, le retournement de l'économie ne fait que commencer", a analysé Paul Dales de Capital Economics à Londres. Les Européens, qui écartent pour l'heure tout plan de relance global, continuent d'agir de manière isolée. En France, le gouvernement a annoncé lundi soir l'injection d'ici la fin de l'année de 10,5 milliards d'euros dans les six plus grandes banques privées, afin de rouvrir le robinet du crédit et contrer la récession qui menace. Dopés par cet apport d'argent frais, les titres des grandes banques françaises se sont envolés mardi à la Bourse de Paris, Crédit Agricole gagnant près de 15%, Société Générale plus de 10% et BNP Paribas plus de 8%. La France a recensé 11.400 défaillances d'entreprises au troisième trimestre, du jamais vu depuis 1997. Outre-Rhin, la banque régionale allemande BayernLB, en grande difficulté, va demander une aide financière de l'Etat à hauteur de 5,4 milliards d'euros, a annoncé mardi soir le ministre bavarois des Finances Erwin Huber. Elle devient la première banque du pays à faire usage du plan de soutien au secteur, d'un volume de 480 milliards d'euros, ficelé par Berlin.