Des participants au colloque scientifique international sur le développement local et la gouvernance des territoires ont insisté, à Jijel, sur une "approche transversale" qui doit impliquer le chercheur, l'économiste, l'administratif, le politique, la société civile et l'université. Cette dernière, en tant que "noyau dur" du développement en matière de réflexion, se doit de participer à "valoriser les résultats des travaux de cette manifestation scientifique d'envergure" qui a abordé la thématique qui "se pose avec acuité de la gouvernance des territoires", a indiqué le président de ce colloque, Chakour Said Chawki. Ce colloque, organisé du 3 au 5 novembre à l'université Mohamed-Seddik Benyahia de Jijel, a été d'un "apport considérable" dans la mesure où il s'est penché sur un thème de grande importance et d'actualité, a-t-il indiqué. L'établissement de conventions et la mise en place de réseaux avec différents établissements d'enseignement supérieur, ainsi que la valorisation des travaux de ce colloque en matière de publication et de vulgarisation de ceux-ci, figurent dans les recommandations qui ont clôturé cette rencontre. Les congressistes, venus de France, du Maroc, de Tunisie et de Belgique ont abordé, au cours de ces journées, la place du développement local et de la gouvernance des territoires sous tous ses angles. La communication présentée à l'ouverture des travaux du colloque par Améziane Ferguène de l'université de Bordeaux, sur "l'intelligence économique et l'intelligence des territoires", a constitué un sujet de grande portée, largement débattu. Cet universitaire avait notamment souligné que l'intelligence territoriale est "une opportunité pour l'insertion des pays de la sphère sud dans le contexte de la mondialisation". De son coté, Myriam Donsimoni, vice-présidente du Conseil des études et de la vie universitaire (CEVU) de l'université de Savoie-Chambéry (France), qui a relevé le "haut niveau des débats", a noté que les échanges de points de vue ont été "très intéressants". L'universitaire française a exposé, lors de ce colloque, le cas de deux ensembles de wilayas de Kabylie comme exemple de "capital social et de développement territorial", mettant en évidence la réussite des petites et moyennes entreprises (PME). La communication qui a porté sur "la dynamique de création d'entreprises depuis le milieu des années 80, avec un début de désengagement de l'Etat et le développement des PME à la lumière du concept de capital social", révèle que le secteur privé est devenu aujourd'hui prédominant au sein de l'économie algérienne où, à la fin de l'année 2006, les entreprises privées et les activités artisanales représentaient 99,8 % du total des PME. Présentant les caractéristiques sociologiques des deux ensembles de wilayas ciblées, Mme Donsimoni a fait remarquer que le taux de concentration des PME en 2007 est légèrement supérieur dans l'ensemble "Ouest" (13,12 %) que dans l'ensemble "Est" (12,08 %), mais, pour ces deux ensembles, ce taux est supérieur au taux national qui est de 10,10 %. Entre 2003 et 2007, le taux de croissance des PME de l'ensemble "Ouest" (49,41 %) a été moins élevé que celui de l'ensemble "Est" (54,97 %) tandis que le taux national était de 41,35 %. L'ensemble "Est", a-t-elle précisé, englobe les wilayas de Béjaïa, Jijel et Bordj-Bou- Arreridj, tandis que l'ensemble "Ouest" comprend les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira et Boumerdès. Ces territoires, affirme l'universitaire française, bénéficient d'un "certain dynamisme", même si l'ouest, mieux doté en nombre de PME, est moins dynamique en terme de créations d'entreprises. Pour ce qui est de la dynamique algérienne en terme de développement local, le cas de l'artisanat est "édifiant", a noté l'universitaire française, affirmant que le ministère algérien de la PME et de l'artisanat, avec l'appui des chambres de l'artisanat et des métiers, se lance depuis un an dans la mise en place de systèmes productifs locaux (SPL). A l'heure actuelle, sept projets de SPL ont été retenus : les bijoux à Tamanrasset, les tapis à Ghardaïa, le tissage à M'sila, la dinanderie à Constantine, les bâtiments à Mostaganem, la rénovation des sites anciens et bâtiments anciens à Oran et la poterie à Béjaïa.