Les banques publiques, ayant enregistré un excès de liquidités, se sont récemment impliquées dans le financement de nombreux projets industriels notamment énergétique dans le cadre de ce qu'on appelle le Project financing. Ce concept a d'ailleurs fait l'objet de débats très animés au cours de la 6e Conférence stratégique internationale sur les opportunités d'investissement offertes par l'Algérie en matière d'énergie (CSI-6) organisée dans le cadre de la semaine de l'énergie (SEA4). Mis en place en 2005 pour le développement des projets notamment de la pétrochimie, du dessalement d'eau de mer et de centrales électriques, le "Project financing" repose sur la capacité d'un projet à générer des revenus suffisants pour couvrir ses coûts du projet et à permettre, donc, le remboursement des crédits et à alimenter les fonds propres des investisseurs. Selon Ali Rezaiguia, directeur financier de Sonatrach , ce type de financement a mis du temps pour devenir opérationnel du fait de l'existence de nombreuses contraintes d'ordres légal, réglementaire et opérationnel. Il s'agit, selon lui, du choix des banques, des conditions d'octroi du crédit (garantie, durée de remboursement...), de la capacité financière des banques publiques ainsi que du respect des règles prudentielles exigées par la Banque d'Algérie. Pour d'autres experts, une recapitalisation plus importante des banques est nécessaire du fait, selon eux, de leurs capacités de financement limitées par rapport aux gros besoins des programmes de financement des projets de Sonatrach estimés à prés des centaines de milliards de dollars durant les cinq prochaines années. A cet effet, l'expert financier Hachemi Siagh a préconisé une combinaison entre les financements interne et externe pour pouvoir faire face aux besoins de financement. Allant au delà du secteur énergétique, il a préconisé une refondation du code de commerce en vigueur afin de permettre l'accès aux emprunts obligataires pour les nouveaux investisseurs n'ayant pas encore 3 années d'activités. Cet analyste a également expliqué que le "project financing" fait assumer aux banques publiques tous les risques systémiques, ajoutant que l'Etat ne doit pas être le seul garant du crédit et ne doit pas subventionner les taux des crédits comme il le fait actuellement. Pour d'autres intervenants, l'effort consenti par l'Etat pour permettre aux banques publiques de participer activement au programme de développement doit être poursuivi par d'autres mesures notamment la prise en charge de la question du risque des changes. Sur ce point, ils ont estimé que les entreprises courent actuellement un risque de parité des changes en contractant des crédits en dinar pour développer des projets dont les produits sont exportables en devises. A ce propos, M. Rezaiguia a indiqué que cette question est examinée actuellement par les autorités publiques, précisant que la solution à ce problème réside dans la mise en place par l'Etat d'un dispositif de couverture contre ce genre de risque, et dans l'autorisation à donner aux banques publiques pour prêter dans d'autres monnaies que le dinar. Pour rappel, 40 milliards de dinars ont été consacrés à la recapitalisation des banques publiques et ce, dans le cadre de la loi des finances complémentaire pour 2008. Cette mesure, rappelons-le, est destinée à augmenter le capital des banques étatiques pour leur permettre de jouer un rôle plus actif dans le financement de l'économie. Il faut savoir que les banques publiques entendent bien accompagner des investissements très lourds notamment dans la pétrochimie et l'énergie électrique, à l'image de la BEA, de la BNA, de la Cnep et du CPA. Ces dernières financent, d'ailleurs, le projet réalisation du complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew, lancé en partenariat entre Orascom Construction et Sonatrach à hauteur de 1,1 milliard d'euros. La BEA finance également les nouvelles lignes de production des sociétés des ciments de Aïn El-Kebira (Sétif), de Chlef ECDE et de Beni Saf.