Les Etats-Unis ont fait circuler au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution visant à renforcer à nouveau l'action internationale contre les pirates somaliens, a indiqué jeudi une diplomate américaine à l'ONU, Rosemary DiCarlo. Ce texte "élargira le champ d'autorité de la (résolution) 1816", a-t-elle dit à la presse à l'issue de consultations sur ce sujet au Conseil. La résolution 1816, adoptée en juin, invite les Etats en mesure de le faire et possédant des navires de guerre dans la zone maritime du golfe d'Aden à agir contre les pirates en haute mer et les autorise même à pénétrer dans les eaux somaliennes avec l'accord du gouvernement somalien pour poursuivre des pirates. Un aspect important du nouveau texte, a précisé Mme DiCarlo, est qu'il traite "des questions de juridiction et de responsabilité". "Nous appelons les Etats à rejoindre la Convention SUA, qui permet aux pays de créer une juridiction pour ceux qui commettent des actes de piraterie", a-t-elle ajouté. La diplomate faisait allusion à une convention internationale de 1988 sur la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime (Suppression of Unlawful Acts against the safety of maritime navigation). Depuis le déploiement au large de la Somalie d'un certain nombre de navires de guerre internationaux, plusieurs Etats qui avaient capturé des pirates se sont vus contraints de les libérer après quelques jours, faute de disposer d'une juridiction habilitée à statuer sur des cas de piraterie. L'Otan a envoyé fin octobre quatre navires croiser dans les parages et l'Union européenne doit prendre le relais le 8 décembre avec cinq ou six bateaux assistés d'avions de patrouille maritime. Des bateaux de nombreux pays, -France, Espagne, Russie, Inde, Corée du Sud notamment-, ainsi que des navires américains de la Task Force 150 d'appui aux opérations en Afghanistan, participent aussi déjà à la sécurisation d'une zone vitale pour le commerce mondial. L'initiative américaine répond en particulier à un appel lancé jeudi au Conseil de sécurité par l'Organisation maritime internationale (OMI), pour qu'il renforce ses dispositions contre les pirates somaliens, la poursuite de la situation actuelle risquant d'entraîner de graves conséquences économiques."Malgré l'amélioration temporaire entraînée par l'action de votre Conseil, la situation (...) laisse beaucoup à désirer", a déclaré aux délégués des quinze Etats membres le secrétaire général de l'OMI Efthimios Mitropoulos. "Plus de 120 attaques ont été comptabilisées cette année, plus de 35 navires ont été capturés par les pirates et plus de 600 marins pris en otage. Actuellement, 14 vaisseaux et quelque 280 marins sont retenus en otages en Somalie. Deux marins ont perdu la vie dans des incidents semblables", a dit M. Mitropoulos. Il a appelé le Conseil à prolonger les mesures qu'il a déjà prises dans ses résolutions 1816 et 1838. Celle-ci, d'octobre 2008, fait obligation aux Etats en mesure de le faire d'agir pour s'opposer à la piraterie au large de la Somalie.