Le débat sur les relations économiques algéro-françaises vient d'être relancé à l'occasion d'une journée d'information organisée avant-hier à Paris par le Medef international, la plus puissante organisation patronale hexagonale, et ayant eu pour thème "spécial Algérie", et à l'occasion de laquelle les opportunités d'investissement en Algérie ont été débattues. Toutefois, la journée d'information en question a été marquée par l'intervention de l'ambassadeur de France à Alger. Mais, même si elle a été une occasion à Xavier Driencourt de réitérer les innombrables opportunités que renferme le marché algérien et tout l'intérêt que les entreprises françaises auront à gagner en investissant en Algérie, cette rencontre n'a servi réellement qu'à relancer, pour la énième fois de surcroît, l'incessant appel à l'endroit du patronat français pour s'impliquer dans le marché national. Cette journée d'information, en effet, n'a rien de nouveau ou d'exploit si l'on tient compte des multiples visites échangées par les officiels des deux pays et autres rencontres de ce genre qui ont lieu, notamment, ces dix dernières années. Les milieux d'affaires français ne veulent pas décamper de leur position première et préfèrent rester sur la même image qu'ils se sont fait de l'Algérie depuis le début des années 1990, à savoir l'image d'un pays instable où règne l'insécurité. En revanche, le patronat français se contente de relations purement commerciales au lieu de s'impliquer directement dans le marché local. Le résultat est toujours là d'ailleurs : la France est toujours le premier fournisseur de l'Algérie, que ce soit en produits alimentaires, équipements industriels ou autres, et elle reste toujours le troisième client de l'Algérie dans le monde. Les produits exportés depuis l'Algérie vers l'Hexagone sont, bien évidemment, des hydrocarbures dans leur quasi-totalité. Cependant, ce que l'Algérie attend depuis longtemps de son partenaire français semble renvoyé au calendes grecques, à savoir l'intensification des IDE (investissements directs étrangers) que l'Algérie a toujours souhaité attirer sur son propre marché. Comparé aux autres pays, notamment arabes et asiatiques, les capitaux d'origine française qui ont pris la destination d'Algérie demeurent très en deçà du minimum requis. Mieux encore, pour des raisons diverses, les investisseurs français, notamment les grandes firmes qui s'imposent sur le marché international, continuent à favoriser les économies voisines au détriment de l'économie algérienne. L'exemple du constructeur automobile Renault reste toujours d'actualité. Ce dernier, en effet, a préféré implanter sa première usine de montage au Maroc au lieu de l'Algérie pourtant c'est sur ce dernier marché qu'il réalise le plus gros de ses ventes dans la région du Maghreb. Mais, Renault préfère garder l'Algérie comme une aire de vente pas plus. Ce n'est pas fortuit, en revanche si Xavier Driencourt a parlé devant les membres du Medef de "la nécessité pour les entreprises françaises d'être performantes, s'installer durablement en partenariat avec des entreprises algériennes et ne pas se contenter de vivre sur l'acquis mais de continuer à travailler".