Les cours du pétrole se stabilisaient vendredi matin au lendemain d'une chute de près de cinq dollars, le marché attendant le vote final du Congrès américain sur le plan Paulson, tout en continuant à s'inquiéter de la dégradation des perspectives de demande. Dans les échanges matinaux, le contrat novembre sur le brut léger américain perdait 59 cents, soit 0,63%, à 93,38 dollars le baril et le Brent cédait 38 cents (0,42%) à 90,18 dollars, après avoir enfoncé jeudi la barre des 90 dollars pour la première fois depuis le 17 septembre. "C'est la même histoire que celle qui a commencé en début de semaine (lundi): les investisseurs craignent un fort ralentissement de l'économie mondiale", a commenté Adam Sieminski, de la Deutsche Bank. Alors que la crise financière agite les marchés et affecte désormais l'Europe, les intervenants redoutent les conséquences de difficultés de l'économie sur la demande d'or noir. "Les cours du pétrole sont presque inchangés sur un marché calme ce matin (vendredi). Il se consolident après leurs pertes de la veille, tandis que le monde financier rassemble ses forces avant le vote - essentiel - par le Congrès américain d'un plan de sauvetage amélioré du secteur financier proposé par le Trésor américain", a commenté Andrey Kryuchenkov, analyste de la maison de courtage Sucden. Par rapport à vendredi dernier, le prix du baril a diminué de plus de 13 dollars. La dégradation de l'économie américaine et le sentiment que le plan Paulson ne suffira pas à résoudre la crise financière renforcent la perspective d'une baisse de la demande. L'adoption par le Sénat américain, mercredi soir, de ce plan de sauvetage du secteur bancaire n'avait, d'ailleurs, guère rassuré les grands marchés mondiaux. Ils craignent désormais l'impact d'une récession mondiale, vue comme inévitable par un nombre grandissant d'observateurs. "Il y a le sentiment qu'un sérieux ralentissement économique est en train de se produire et qu'il devrait continuer à agir de manière négative sur les prix des matières premières", a relevé John Kilduff, de MF Global. "Les alarmes sonnent partout dans le monde", a-t-il souligné. Aux Etats-Unis, premiers consommateurs mondiaux, la demande de produits pétroliers a flanché de 7,1% sur les quatre dernières semaines par rapport à l'an dernier, selon les statistiques du ministère américain de l'Energie (DoE). A l'appui de ce scénario, les analystes de Merrill Lynch ont divisé par deux leur estimation de croissance de la demande de pétrole dans le monde en 2009, à 400 000 barils par jour. Selon eux, le prix du baril de pétrole pourrait chuter à 50 dollars en cas de grave récession mondiale. La banque américaine a abaissé son estimation du prix moyen d'un baril WTI pour 2009 de 107 à 90 dollars, sur la base d'une demande en baisse et de capacités supplémentaires attendues de la part de l'Opep d'ici 18 mois. Les analystes de Barclays Capital ont eux aussi révisé à la baisse leur prévision de progression de la demande l'année prochaine, qu'ils estiment à 450 000 barils par jour.