Le procès Khalifa a entamé, hier, sa 4e semaine avec les témoignages des responsables de l'agence d'El-Harrach ainsi que des gros déposants à Khalifa Bank. Hier matin, c'était donc au tour du directeur adjoint de l'agence d'El Harrach, M. Sighir Mahieddine, de passer à la barre. Celui-ci dira d'emblée qu'il a été désigné à ce poste le 1er octobre 2001. "Mon rôle était la gestion des travailleurs et de veiller au respect du règlement intérieur de l'agence", dira-t-il. Il niera son rôle dans la gestion de l'argent, "j'étais un simple démarcheur". Il faut dire que le témoin n'a pas arrêté de préciser ses fonctions au tribunal. Sur ce, la présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi interrogera le témoin sur ses déplacements à l'extérieur de la wilaya d'Alger. M. Sighir dira qu'il n'a jamais fait de déplacement hors d'Alger, et dans ce cadre, il avoue avoir envoyé des proposions par écrit afin d'inciter quelques sociétés à effectuer leurs placements dans la banque Khalifa tel que la CCR, une société pétrolière située à Hassi Messaoud et la Bourse d'Alger et que cela faisait partie de ses fonctions. Il touchait pour son poste à Khalifa Bank 37 000 DA et par la suite 42 000 DA. La présidente l'interrogera ensuite sur le contenu de ses propositions ? M. Sighir dira que celles-ci étaient liées à Khalifa Airways : des réductions, conventions, etc. pour ce qui est de la convention signée avec le centre de Thalassothérapie de Sidi Fredj, le témoin affirme que ce dossier a bien atterrit dans son bureau, il contenait l'achat de quelques matériels et qu'il ne fallait pas dépasser le seuil de 2,5 millions de dinars, et en retour le groupe reçoit trois locaux. Il ajoute également qu'il "a donné un catalogue et un imprimé à plusieurs directeurs financiers dont le DG de l'Enap, le DG de la Cagex, le PDG de la Bourse d'Alger et à d'autres". Pour ce qui est de la liste nominative de personnes ayant bénéficié des cartes de gratuité pour le complexe de Sidi Fredj, le témoin dira que "nous ont fait notre sélection et nous avons choisi pour ça nos bons clients", c'est à ce moment que la présidente lui demanda si le frère du directeur de l'agence d'El Harrach, M. Lakhdar Aziz, faisait partie de leurs bons clients. Il faut dire qu'à cette question le témoin n'a pas pu répondre. C'est ainsi que Mme Brahimi précisa que ces cartes se distribuaient après le dépôt à terme de l'argent et pas avant. Et pour cela, souligne M. Sighir "on ouvrait deux comptes un de placement et le second compte courant pour le dépôt des intérêts et cela au nom de la société". La présidente lui demanda s'il remplaçait le directeur de l'agence lors de son absence pour effectuer les transferts. Il dira que "ce n'était pas ma spécialité". De son côté, le procureur général interrogea le témoin sur la manière dont il a été nommé comme adjoint-directeur alors qu'il n'était pas un exploitant, avant de lui demander si il était présent lorsque Aziz Djamel, Rafik Khalifa et Nanouche venaient pour prendre de l'argent de l'agence. Il répond "non, jamais". Dans l'après-midi, plusieurs membres du personnel de Khalifa Airways ont défilé à la barre pour confirmer qu'ils ont bel et bien bénéficié de crédits sans garantie et qu'ils n'ont jamais remboursé. C'est ainsi M. Larbi Karim, qui occupait le poste de steward à Khalifa Airways pour un salaire mensuel de 60 000 DA a avoué avoir bénéficié d'un premier prêt de 450 000 DA et d'un second de 1,5 million de dinars et ce, sans garantie et sans avoir rien signé. Il indiquera également qu'il s'était entendu avec le directeur de l'agence d'El-Harrach pour effectuer des retraits sur salaire pour rembourser le prêt, chose qui, bien entendu, n'a pas été faite. C'était ensuite au tour du directeur des PNC chez Khalifa Airways de faire son déballage. Celui-ci déclarera que c'est Khalifa qui l'a encouragé à prendre un prêt de 2 millions de dinars, chose qu'il n'a pas pu refuser vu qu'il faisait face à certains problèmes personnels. C'était ensuite au tour des déposants de témoigner. C'est ainsi que, M. Bar Aziz, directeur de la Société de production des boissons gazeuses de Rouiba, a été appelé à la barre. Celui-ci dira qu'il a reçu d'El Khalifa Bank une proposition lui promettant un taux d'intérêts de 10,5%. C'est ainsi qu'il a transféré ses dépôts de la Badr et de la BDL qui s'élevaient à 100 millions de dinars vers Khalifa Bank. Le témoin insistera également sur le fait que son entreprise a réussi à récupérer la totalité de ses avoirs sur son compte à terme et ce en février 2003. Néanmoins, il avouera n'avoir pas pu récupérer les intérêts qui se différaient à un milliard de centimes et qui étaient sur un compte courant. Par la suite, Yacine Ahmed, P-DG de Digromed a été esté par la justice en tant qu'accusé. Celui-ci indiquera qu'Aziz Djamel lui a fait une proposition prévoyant un taux d'intérêt de 10% pour des dépôts à El-Khalifa Bank. C'est ainsi qu'il a effectué un placement de 327 millions de dinars le 17 septembre 2001 et de faire un second placement de 50 millions de dinars le 6 décembre 2001. Il serait utile de noter que les deux derniers témoins ont nié avoir bénéficié de quelque avantage que ce soit de la part du groupe Khalifa.