La fête du court-métrage qui se déroule depuis lundi dernier à Taghit dans la wilaya de Béchar n'arrive pas encore à prendre tant que la population local qui n'a absolument aucun loisir sauf ce que lui offre la nature comme esthète , n'a pas l'air concerné dans ce rendez-vous.Dans l'après-midi du mardi, jour où la compétition officielle a débuté avec six films en lice dont un seul Algérien " Le doute " de Amar Fodil, un Tunisien, "Essket" de Faten Hafnaoui, un Libanais " The gentleman ", de Talal Khoury, un Marocain, " La jeune femme et l'instit " de Mohamed Nadif, un Egyptien, " Caika bel crem " de Ahmed Magdy etc. Le public local ne s'était pas déplacé au niveau de la khaïma, où se font les projections et du coup on a l'impression que cette manifestation est destinée au strict public des festivaliers. Il semble que les gens de Taghit ne savent même pas que la deuxième édition du festival du court-métrage se passe à leur porte tant que les annonces publicitaires se réduisent à quelques grandes affiches placées à l'entrée de la ville, un moyen d'information inadéquat pour une population qui a plus de rapport avec la parole que l'écriture. Et puis même si ce festival ou plutôt le cinéma aurait intéressé certains, l'absence d'un espace qui peut comporter du monde pose problème. Comme on a eu à le dire dans nos précédentes éditions, il n'existe pas de salle de cinéma à Taghit, ce qui a poussé les organisateurs à trouver à ce manque, un palliatif exotique qui se traduit en une khaïma où les conditions de voir un film sont infernales à cause d'abord du monde, du matériel etc. L'événement de ce mardi demeure incontestablement l'hommage qui a été fait à l'auteur du succulent, " La Bataille d'Alger " de Gillo Pontecorvo, à travers la projection du non moins succulent, " Gillo, les femmes, les chevaliers, les armes, les amours " de Mario Canale en présence du réalisateur et de Picci, l'épouse du défunt cinéaste. Le film qui n'était pas en compétition officielle revient sur les grands moments de la carrière et de la vie de ce cinéaste qui s'est toujours placé du côté des plus faibles et qui aujourd'hui encore, demeure une référence non seulement dans le cinéma italien mais aussi dans celui du monde. En 1999, la cinéaste avait filmé une longue interview du réalisateur de " La Bataille d'Alger " dans laquelle on découvre la frustration de Gillo Pontecorvo de n'avoir pas pu être un musicien, un métier qu'il aurait volontiers troqué contre celui de cinéaste, son exigence dans le travail, sa passion pour la pêche, le ski et les femmes, ses engagements pour démocratiser le cinéma dans son pays d'abord et dans le monde ensuite…" Si je pouvais appuyer sur un bouton pour devenir musicien au lieu de cinéaste, je le ferais ", a-t-il soutenu dans le film, ce génie du 7e Art qui a des rapports dans complicités exemplaires avec un autre géant de la musique, Enio Morricone, auteur de la plupart des classiques cow boy et auteur aussi de la fabuleuse musique de " La Bataille d'Alger ". Sa veuve, Picci qui s'est déplacée à maintes reprises à Alger n'a pu revoir ce film, " puisqu'il me remue de fond en comble ", a-t-elle dit avec émoi. Il n'en demeure pas moins qu'elle trouve ce film " juste ". Hormis ce long-métrage qui est sorti il y a une année et demie, les autres courrts-métrages qui étaient en compétition n'ont pas emballé grand monde sauf peut-être, " La jeune femme et l'instit " du Marocain Mohamed Nadif qui a relativement plu. Ce court-métrage de 17 minutes parle de l'amour et des départs qui laissent des trous béants dans les cœurs des amants qui se ressemblent et qui finissent par s'unir dans les misères des cœurs et des passions contrariés. Le seul et unique film algérien en compétition qui est en langue amazighe a en revanche, déplu du fait de la confusion dans la narration traduite par la solitude. Les projections officielles se sont poursuivies hier, avec à l'affiche 8 œuvres dont " Gouli ", de Sabrina Draoui et " Lilet el Aïd ", de Acharaf Laamar. En tout, 26 œuvres se disputeront les 6 trophées prévus à l'issue de cette manifestation qui semble se ghettoiser puisque point de public local dans la grande khaïma qui reçoit seulement les festivaliers.