Après les incessantes déclarations rassurantes des différents officiels, l'Algérie ressent plus que jamais les stigmates de la crise financière qui ébranle l'économie mondiale depuis plusieurs mois déjà. En effet, le gouverneur de la Banque d'Algérie réunira, aujourd'hui, à l'ESB (Ecole supérieure des banques), les responsables des différents établissements bancaires et autres organismes financiers. Le débat que le gouverneur de la Banque d'Algérie animera à cette occasion aura pour thème, "La stabilité financière et développements du secteur bancaire en Algérie : leçons à tirer de la crise financière internationale ". La rencontre se présente ainsi comme étant une campagne de sensibilisation sur le fonctionnement du secteur bancaire dans un climat de tension qui plane sur l'ensemble de la finance mondiale. Ainsi, l'impact de la plus grave crise qui secoue la planète entière depuis celle de 1929 n'est plus à nier en Algérie, et ce, même si le pays a pu éviter les retombées directes de cette crise qui bat son plein depuis pratiquement, l'été 2007 du fait que le système financier national n'est pas effectivement ouvert sur le marché international. En tout cas, avant le gouverneur de la Banque d'Algérie qui vient, ainsi, de se lancer dans une campagne de sensibilisation sur les futurs défis qui guettent le marché bancaire national, c'est le premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a tiré la sonnette d'alarme sur les difficultés que l'économie nationale aura du mal à éviter à moyen terme. En effet, jeudi dernier, alors qu'il répondait aux questions des députés, Ahmed Ouyahia est revenu longuement sur l'évolution actuelle du marché du brut et les décisions fondamentales et historiques prises par l'OPEP à l'issue de la réunion tenue mercredi dernier à Oran. Au moment où tous les regards demeurent figés sur l'impact immédiat de la décision du cartel réduisant son offre de 2,2 millions de barils par jour dès le mois de janvier prochain, avec toutes les angoisses que suscite l'effondrement des cours du brut qui se poursuit en dépit de cette décision radicale ; Ouyahia est allé loin en interpellant les consciences sur les difficultés auxquelles l'économie nationale sera confrontées lorsque les richesses nationales en hydrocarbures viendront à tarir. Certes, un prix du baril se situant dans la fourchette des 70-80 dollars est jugé raisonnable pour l'Algérie mais cela demeure un simple sursis pour tous les pays qui sont dans la situation de l'Algérie, puisque ces énergies ne sont pas renouvelables et leur épuisement n'est qu'une question de temps. Concernant l'Algérie, devant les élus à la première chambre du Parlement, Ouyahia dira qu' " il ne faut pas oublier que d'ici 2030 l'Algérie moins de pétrole, et c'est donc à l'après-pétrole qu'il faudra penser dès maintenant ". Sur ce plan, le premier ministre ne cache pas son pessimisme en reconnaissant ouvertement que l'Algérie n'est pas encore prête pour cette nouvelle étape. La situation suscite pas de l'enthousiasme, lorsque l'on sait que l'avènement d'une économie réelle hors hydrocarbures sur laquelle l'Algérie devra compter au-delà de 2030 n'est pas encore au rendez-vous.