La crise a finalement rattrapé la Norvège, au point que cette 'pétromonarchie' va rompre sa discipline et puiser plus que d'habitude dans son fonds souverain alimenté par les revenus de l'exploration pétrolière et gazière. Depuis une douzaine d'années, la Norvège a versé sur ce fonds plus de 220 milliards d'euros (à fin septembre 2008). Les recettes issues de l'exploitation des ressources en hydrocarbures sont placées en actions et obligations étrangères, évitant ainsi la surchauffe de l'économie locale. Lors de la conférence annuelle du patronat norvégien, le 7 janvier, le premier ministre travailliste, Jens Stoltenberg, a déclaré que le gouvernement allait utiliser plus d'argent du pétrole et du gaz que d'habitude : 'C'est une politique conjoncturelle contra-cyclique. Nous allons utiliser plus de 4 % du rendement prévu du Fonds du pétrole pour 2009 lorsque nous présenterons notre budget complémentaire le 26 janvier.' Pour la Norvège, qui se targue de dépenser avec une extrême parcimonie les revenus provenant des hydrocarbures, c'est un pas inhabituel. A l'exception notable du Parti du progrès, un parti de droite populiste qui prône une utilisation généreuse de l'argent du pétrole, la majorité des formations politiques norvégiennes soutiennent, depuis son entrée en vigueur en 2001, la loi qui prévoit que seul le 'rendement réel' des actifs du Fonds du pétrole peut être transféré au budget de l'Etat. Cette loi autorise habituellement le gouvernement à dégager 4 % de la valeur du fonds pour financer son budget. Ce qui signifie en gros que l'on ne dépense que les intérêts sans toucher au capital. En cette année de crise qui se double d'une année électorale avec des législatives incertaines cet automne, le Parti travailliste prépare un plan de relance qui portera notamment sur l'emploi et la protection sociale. ême s'il va demeurer relativement très bas comparé à la plupart des autres pays européens, le chômage va augmenter dans les deux années à venir et devrait atteindre 5 % en 2010, le double par rapport à aujourd'hui. Le salaire réel, qui avait augmenté de 6 % en 2008 et de 5,6 % en 2007, ne devrait en conséquence progresser que de 2 % cette année....