Les Norvégiens ont préféré à l'alternance reconduire la coalition de centre gauche du Premier ministre Jens Stoltenberg regroupant les travaillistes, le Parti socialiste de gauche et le Parti du centre. Mais l'équipe reconduite devra faire avec une opposition de droite qui ne la supplanterait que de 3 sièges. La faute au pétrole, crie cette droite qui reste la mauvaise élève en Europe gagnée presque entièrement par la peste brune, réactionnaire et raciste. Ce serait plutôt cette perspective qui a joué dans le scrutin de lundi que le pétrole. Malgré son excellent bilan économique, obtenu en dépit de la crise mondiale, l'équipe sortante ne faisait pas l'unanimité. Au cœur du mécontentement populaire : le partage des recettes pétrolières. En effet, l'image carte postale de la Norvège est un peu surfaite. Le pays est le huitième exportateur mondial de pétrole et le troisième de gaz naturel, il possède la cinquième flotte commerciale du monde. Mais on oublie que la Norvège ne compte que 4,8 millions d'habitants sur une superficie qui est la cinquième d'Europe par sa superficie. C'est comme un des petits pays pétroliers richissimes du Golfe, avec la différence de taille en matière de gouvernance. En Norvège, c'est la démocratie et les droits de l'homme et, dans le Golfe, le règne des autocrates et l'absence de libertés. En effet, l'énorme richesse de la Norvège est répartie sur une petite population. Selon la Banque mondiale, son PIB par habitant s'élevait en 2008 à plus de 87 000 dollars. Et le chômage ne touchait en août dernier que 3% de la population active. Un paradis en Europe, mais ses habitants voudraient profiter toujours plus de leur manne pétrolière. Ils ont donc tendance à estimer que l'utilisation des pétrodollars par les gouvernements successifs est trop parcimonieuse et à sanctionner systématiquement les sortants. Ainsi, jusqu'à ce scrutin, aucun gouvernement norvégien n'a été reconduit depuis 1996. Date à partir de laquelle les équipes gouvernementales ont commencé à mettre de côté les recettes pétrolières du pays dans un fonds de pension qui totalise aujourd'hui la coquette somme de 277 milliards d'euros. Via leur fonds, les Norvégiens détiennent 1% de la capitalisation boursière de la planète, bien qu'ils ne constituent que 0,1% de la population mondiale. Ce trésor leur a permis de bien amortir la récession et de freiner la montée du chômage, alors que la même crise a mis les pays développés en réelle difficulté. Les Norvégiens ont donc reconduit l'équipe sortante, contrairement aux votes précédents, mais ils sont tenus de la marquer avec une opposition menée par une énergique, attractive et médiatique blonde, Siv Jensen, du Parti du progrès. Elle n'a pas gagné contrairement aux sondages, à cause de populisme qui ne fait pas l'unanimité au sein de la droite elle-même. Sa campagne s'était concentrée sur deux thèmes : la gestion de la rente énergétique et l'immigration. La pétillante blonde s'est prononcée en faveur des réductions d'impôts tout en prônant l'utilisation des revenus pétroliers et gaziers pour renforcer l'Etat providence et les infrastructures du pays, tandis que les autres partis ont appelé à la discipline budgétaire et s'étaient gardés d'évoquer la possibilité de dépenser l'argent de la rente pétrolière. En matière d'immigration, le Parti du progrès a réclamé un nouveau code, écrit selon le modèle français en vigueur en Europe, c'est-à-dire la réduction de l'immigration jusqu'au taux zéro. Pas plus de cent réfugiés politiques par an ne pourraient être acceptés dans le royaume. Un tri des immigrés effectué en fonction de leur origine et du degré d'intégration des ressortissants de même nationalité déjà présents en Norvège. Les candidatures des analphabètes, des islamistes et des personnes sans ressource seraient refusées. Siv Jensen est une émule de l'ex-ministre français de l'identité, Hortefeux, un très proche du président français, Nicolas Sarkozy, aujourd'hui rattrapé par sa détestation des têtes non blondes, des Maghrébins en particulier.