Confirmant les craintes que le pire de la crise économique reste à venir, les sociétés américaines ont annoncé sur la seule journée de vendredi une quarantaine de milliers de suppressions d'emplois. Les plus gros bataillons de ces nouveaux chômeurs vont venir du distributeur d'électronique grand public Circuit City, numéro deux américain derrière Best Buy. Il va laisser sur le carreau 34.000 personnes: les deux mois écoulés depuis son dépôt de bilan ne lui ont pas permis d'arriver à un accord avec ses créanciers. Sa faillite, après une saison de Noël catastrophique pour le commerce, marque la fin de l'aventure pour une société vieille de 60 ans, qui va fermer tous ses magasins aux Etats-Unis fin mars ou dès l'épuisement de ses stocks. Circuit City a précisé cependant que ses opérations au Canada (765 points de vente, 3.000 employés), n'étaient pas concernées par la liquidation. Le numéro un mondial de la location de voitures Hertz a annoncé pour sa part la suppression de 4.000 postes dans le monde pour s'adapter à la baisse de la demande. Hertz aura ainsi supprimé 32% de ses effectifs depuis août 2006. Même le très prospère secteur du pétrole est désormais touché: le numéro trois américain ConocoPhillips a annoncé vendredi le départ de 4% de ses employés, soit environ 1.300 personnes. Dans le secteur des technologies, le fabricant de microprocesseurs AMD a annoncé qu'il supprimait 1.100 postes, amplifiant une restructuration annoncée en novembre qui prévoyait la suppression de 500 postes. AMD devrait publier la semaine prochaine des résultats que les investisseurs attendent médiocres. Il a déjà prévenu que son chiffre d'affaires chuterait sans doute d'un quart au quatrième trimestre, et la chute de 90% des bénéfices annoncée jeudi par son grand concurrent Intel est de mauvais augure. Enfin, les informations de presse se multiplient concernant le laboratoire pharmaceutique Pfizer: en milieu de semaine, était annoncé le départ de 800 chercheurs, vendredi c'est plus de 2.000 visiteurs médicaux que la presse disait menacés. Le laboratoire américain a refusé de confirmer, se bornant à rappeler le projet de se "remodeler" sous forme d'unités plus petites. Le Financial Times indique pour sa part que le conglomérat General Electric pourrait supprimer plus de 20.000 emplois dans le monde, dont 11.000 dans ses services financiers qui furent longtemps la vache à lait du groupe.Quant au numéro un de l'assurance médicale privée aux Etats-Unis, WellPoint, il a annoncé la suppression de 1.500 postes, pour s'adapter "à l'état actuel de l'économie". Ce chiffre représente environ 3,6% de ses effectifs. Cette cascade d'annonces de licenciements, point d'orgue d'une semaine noire -- le fabricant de téléphones Motorola va se passer de 4.000 salariés, les grands magasins de luxe Saks de 1.100 -- intervient alors que l'administration publie semaine après semaine des statistiques alarmantes sur le chômage. Plus d'un demi-million de nouveaux chômeurs se sont inscrits sur les registres lors de la première semaine de l'année. Le taux de chômage est désormais au plus haut en 16 ans, à 7,2%, et de nombreux directeurs financiers bâtissent leurs plans d'entreprise sur des prévisions allant bien au-delà de 8% d'ici à la fin de l'année. Pour compenser, le prochain président Barack Obama, qui prend ses fonctions mardi, a affiché son intention de sauver ou de créer de trois à quatre millions d'emplois grâce à son plan de relance, à 90% dans le secteur privé.