Le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, a souligné, dans un entretien, au mensuel "Arabies", édition de février, que l'Algérie "a opté pour une nouvelle politique de l'eau". Cette nouvelle politique de l'eau "confirme la dimension stratégique et son caractère prioritaire dans tout le pays" a dit, M. Sellal, avant de présenter les projets de grands complexes hydrauliques. Il a précisé que pour "assurer une sécurisation optimale, nous avons lancé des programmes de mobilisation des eaux non conventionnelles par le dessalement de l'eau de mer et la réhabilitation des eaux usées épurées". Décrivant les 14 unités de dessalement d'eau de mer, avec un objectif de production à atteindre de "deux millions de mètres cubes d'eau dessalée par jour à l'horizon 2009", M. Sellal a aussi expliqué que ce programme "conduira à une meilleure sécurisation de l'alimentation en eau potable des villes côtières" et "à l'économie d'une bonne partie de l'eau des barrages qui sera destinée aux régions des Hauts-Plateaux pour permettre une redistribution spatiale à la population et ainsi assurer un développement économique plus équilibré du pays". Quant au programme d'épuration des eaux usées, M. Sellal a indiqué que "l'Algérie rejette près de 600 millions de mètres cubes d'eau usée dans la mer. Ainsi, a l'horizon 2010, notre objectif est d'arrêter ces rejets qui seront récupérés pour l'agriculture". "Actuellement, nous épurons 200 millions de mètres cubes", a-t-il ajouté. A une question sur la gestion de l'eau, M. Sellal a indiqué que "nous allons vers une gestion déléguée de l'eau des grandes villes" et que "comme tous les pays du monde, nous considérons l'eau comme un bien marchand qu'il faut gérer tel un produit de consommation comme les autres". Il a toutefois souligné que "quant à sa fonction sociale, l'Etat assurera le différentiel pour qu'il y ait moins de répercussions sur la facture de nos citoyens et pour ainsi protéger le petit consommateur". Il a aussi évoqué les partenariats à venir avec différentes compagnies étrangères pour pouvoir "passer à une gestion plus moderne" de l'eau. Par ailleurs, et parmi les grands axes de la politique algérienne de l'eau, qui accorde une importance particulière à la lutte contre les disparités régionales en matière de développement, M. Sellal a insisté sur les opérations de transfert des eaux, à partir de divers barrages, vers des zones limitrophes ou éloignées qui nécessitent cette ressource. Parmi les nombreux cas cités, le transfert des eaux du barrage de Koudiat Acerdoune, "d'un volume de 650 millions de mètres cubes" permettra de renforcer "l'alimentation des wilayas du centre" dont M'Sila, Bouira, Tizi Ouzou, Médéa et Alger. Ces opérations concernent aussi les eaux fossiles sahariennes, notamment la nappe albienne avec ses 30 000 milliards de mètres cubes d'eau. En fait, l'étude récemment lancée sur cette opération "permettra dans un proche avenir de transférer cette eau vers les Hauts-Plateaux et l'extrême-sud du pays", a indiqué le ministre. Toujours en zones sahariennes, "nous avons déjà commencé par le transfert de l'eau d'In Salah vers Tamanrasset, sur près de 750 kilomètres", a-t-il ajouté. Ainsi, "l'Algérie se donne les moyens pour que, dans l'avenir, nous puissions assurer l'eau pour nos populations et notre économie", a fait valoir M. Sellal, annonçant une campagne de communication pour souligner le caractère "de plus en plus rare de l'eau qu'il faut absolument préserver" et pour que cette ressource soit "considérée comme un bien indispensable au développement socio-économique du pays".