Un travail d'assainissement dans le milieu des agriculteurs, mené par la Chambre nationale d'agriculture (CNA), a permis de radier 24 819 exploitants agricoles. Des gens qui, apparemment, n'avaient rien à voir avec le secteur. C'est ce qu'a fait savoir, hier, M.Cherif Ould Hocine, président de la Chambre nationale d'agriculture qui s'est exprimé dans une conférence-débat animée au forum d'El Moudjahid. Il expliquera dans le même contexte qu'un fichier national des exploitants agricoles est en train de se mettre en place. Il s'agit, selon lui, de la concrétisation du concept de professionnalisation qui est l'une des missions majeures assignées à la CNA. Dressant un bilan exhaustif de l'instance qu'il dirige et évoquant au passage la situation de certaines filières agricoles qui vivent des difficultés, comme la tomate industrielle et la pomme de terre, M. Ould Hocine s'est montré très critique à l'encontre de certaines institutions et départements de l'Etat qui, selon lui, ne jouent pas pleinement leur rôle, notamment en matière de régulation, de contrôle et de répression. "L'organisation et la régulation du marché n'est pas du ressort unique de la Chambre d'agriculture ou du ministère de l'Agriculture, ce sont l'ensemble des secteurs qui interviennent dans le domaine qui doivent travailler de concert pour contrecarrer la fraude et la spéculation", dit-il. Concernant justement la crise de la pomme de terre, Cherif Ould Hocine a qualifié carrément ce qui se passe dans cette filière de système de lobbying. "On est à l'ère d'un lobby de la pomme de terre", dira le président de la CNA. Celui-ci est même allé plus loin pour dire que tout se décide ailleurs, c'est-à-dire à l'étranger même, concernant les quotas de semences à importer. Le conférencier n'est pas passé par trente-six chemins pour dénoncer les pratiques de spéculation dans lesquelles sont impliqués, selon lui, certains anciens cadres et hauts fonctionnaires notamment du secteur agricole, qui connaissent parfaitement tous les points fort et faibles du secteur. Pour revenir aux missions de la CNA, son président a fait savoir que trois projets d'envergure sont en cours de réalisation et qui permettront une meilleure traçabilité de la profession agricole. Le premier concerne l'identification du cheptel national à travers un système d'immatriculation unique à travers le territoire national pour éviter les propagations de zoonoses. "Nous sommes en train de finaliser l'opération et nous avons soumis notre proposition au ministère de l'Agriculture pour approbation" indiquera M. Ould Hocine. Pour le second projet qui touche la filière lait, tout un programme est prévu pour le redoublement du cheptel, l'amélioration de la collecte du lait cru ainsi que la mise en place d'étables pour l'élevage de génisses. "Il est anormal de continuer à importer chaque année des vaches laitières", dira en substance l'invité du forum d'El Moudjahid. La troisième opération inscrite dans le programme de la CNA porte sur la mise place de comités spécialisés pour une meilleure prise en charge des problèmes et préoccupations de chaque filière. Cette fois-ci, un comité pour la filière avicole, constitué de vétérinaires, d'éleveurs, de producteurs … est mis en place. La grippe aviaire constitue la première préoccupation pour ce comité, dira M. Ould Hocine. Toutefois, le président de la CNA déplore le manque de moyens notamment financiers auquel fait face la CNA et le secteur de l'agriculture en général. "Au moment où on parle de l'économie hors hydrocarbures et de l'après-pétrole, le budget consacré à l'agriculture est vraiment dérisoire compte tenu des grands défis qu'a relevés le secteur", regrette M. Ould Hocine.