La situation déplorable et vulnérable que vit actuellement le monde entier, affecté par les crises financière, alimentaire, énergétique et climatique, est le fruit d'un modèle néolibéraliste et hégémonique, ont expliqués deux universitaires intervenant, dimanche, lors d'une conférence-débat organisée par le Commissariat général à la planification et à la prospective (CGPP). Selon ces derniers, le modèle néo-libéraliste et unipolaire de développement qui domine aujourd'hui le monde "est à l'origine de la crise économique et financière mondiale". Intervenant lors de cette rencontre, tenue au siège de l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP- Alger), le professeur François Houtart (belgique), membre du Forum social international, a affirmé, dans ce cadre, que les turbulences actuelles du système économique et financier international sont étroitement liées aux autres crises alimentaire, énergétique et climatique ayant, entre autres, changé la donne économique et sociale de plusieurs pays. Houtart a soutenu que ces crises, qui ont secoué le système financier international, sont l'oeuvre "d'un libéralisme sauvage, hégémonique". Il dira, dans ce sens, qu"'il s'agit d'une crise multidimensionnelle de ce modèle occidental car toutes ces crises n'ont pas été provoquées par des facteurs naturels mais trouvent leurs origines dans la spéculation qui, à titre d'exemple, a fait augmenter les cours des produits alimentaires, mettant ainsi plus de 50 millions d'habitants à travers le monde sous le seuil de la pauvreté", a-t-il expliqué. S'agissant de l'aspect climatique de la crise, le conférencier, qui fait partie également du comité de réforme du système financier international auprès du président de l'assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), a cité la déforestation massive dans le monde, qui ravage annuellement quelque 15 millions d'hectares. "Avec un tel rythme, l'Amazonie, qui est le poumon de la planète, risque d'être réduite a l'état de la savane en 2080", a-t-il mis en garde. M. Houtart, qui a directement lié tous ces fléaux avec le modèle occidental de développement, a estimé que la solution alternative à cette situation est, particulièrement, axée sur "une utilisation durable et rationnelle des ressources naturelles et une nouvelle approche basée sur le respect dans les relations humaines mondiales. Il a plaidé également pour favoriser "la valeur d'usage à celle d'échange, dite marchande, dans l'utilisation de ces ressources, une démocratisation généralisée et libérée de toute hégémonie des rapports humains et une globalisation multiculturelle afin de permettre à toutes les cultures et les croyances du monde d'apporter leur contribution pour la reconstruction d'un nouveau monde multipolaire". Sur un autre plan, une réforme des structures de l'ONU, impliquant notamment une abolition du droit de veto est nécessaire pour apporter une crédibilité à cette institution, dont les objectifs d'aide au développement durable ont été "détournés par les pays développés". De son côté, le sociologue, Ali El Kenz, a jugé nécessaire de redonner du poids à l'ONU et à ses différentes agences en vue de renforcer leur intervention sur la scène internationale et surtout "rompre avec leur dépendance des grandes puissances comme les Etats-Unis". Il s'agit, dans ce sens, de "repenser un ordre mondial en favorisant une multipolarité politique, économique, sociale et culturelle", a-t-il préconisé comme solution à la crise multidimensionnelle, dont l'aspect économique et financier ne représente que "la face visible de l'iceberg", conclut le sociologue. Samira H.