Depuis la première session du Conseil d'association Algérie-Union européenne (UE), tenue en mai 2006, le secteur de l'énergie fait l'objet d'un dialogue de haut niveau. Il était même question de la conclusion d'un accord pour définir les objectifs, les attentes et les modalités de la mise en œuvre d'un "partenariat énergétique stratégique" entre l'UE et l'Algérie. Cependant, plus de trois années après, les négociations sur ce mémorandum de coopération énergétique n'ont pas encore abouti. En effet, l'ambassadrice de la délégation de la Commission européenne en Algérie, Mme Laura Baeza, a fait savoir que les deux parties sont encore au stade des discussions. Invitée lundi au forum d'El Moudjahid, Mme Baeza a confirmé qu'"un mémorandum d'entente pour l'établissement d'un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie devrait être signé", mais il se trouve que "les négociations entre les deux parties n'ont pas encore débuté". En fait, l'Algérie et l'Union européenne sont encore au stade des consultations préliminaires, selon l'ambassadrice de la Commission européenne (CE). Sans dévoiler le contenu des consultations qui sont confidentielles, l'ambassadrice de la CE a tenté d'expliquer la difficulté qui caractérise le dossier énergétique, particulièrement son volet gazier. Tout en souhaitant que les négociations seront engagées dans un avenir très proche, Mme Baeza a déclaré qu'"à terme, nous trouverons le moyen de prendre en charge les problèmes soulevés par l'Algérie et nous les résoudrons, sans toucher à la réglementation européenne en la matière, car il est difficile de faire marche arrière". A bien décoder les propos de Mme Baeza, l'Europe tient à assuré sa sécurité énergétique, à travers ce partenariat stratégique mais selon ses règles. Pourtant, l'Algérie a déjà montré sa volonté à aller de l'avant. En effet, lors de la visite du ministre de l'Energie et des Mines à Bruxelles, en juillet 2007, la condition dite de la "clause de destination finale" a été abandonnée par l'Algérie en contrepartie, attendue et non encore conclue, de l'ouverture du marché européen à Sonatrach. Cette clause traditionnelle, faisait obligation aux importateurs de gaz algérien de ne pas revendre en l'état ce produit à une tierce partie ou, à la limite, de partager les profits supplémentaires qui résulteraient de cette revente. En échange de quoi, l'UE s'est engagée à ouvrir le marché européen à Sonatrach pour qu'elle y commercialise son gaz. Un engagement qui ne s'est pas concrétisé. En effet, le mutisme de la Commission européenne face au conflit gazier qui avait opposé Sonatrach à la commission espagnole de l'énergie concernant le gazoduc Medgaz, cadrait mal avec son ambition de signer un accord stratégique en matière énergétique avec l'Algérie. Par ailleurs, la directive européenne sur la séparation patrimoniale des opérateurs énergétiques intégrés, même si elle n'a pas été adoptée, renseignait sur les intentions de la Commission européenne quant à l'ouverture de son marché au entreprises gazières, notamment Sonatrach. Ce partenariat énergétique stratégique à toutes les chances d'aboutir, d'autant que l'Algérie s'impose comme le partenaire incontournable. Mais, pour ce faire, il revient à l'Europe de reconsidérer son approche dans ses rapports avec l'Algérie. Car, même avec une garantie des autres fournisseurs comme la Russie ou certains pays d'Asie mineure, le gaz algérien sera toujours nécessaire pour l'UE, tant par sa disponibilité que par les infrastructures gazières reliant déjà les zones de production sud-méditerranéennes aux centres de consommation européens en transitant par des pays méditerranéens. Le gazoduc Maghreb-Europe partant de l'Algérie, traversant le Maroc et desservant l'Espagne et le Portugal, et le gazoduc partant de l'Algérie, passant par la Tunisie et desservant l'Italie, connaissent des expansions de capacité. D'autre part, et compte tenu du niveau de ses réserves gazières et des perspectives de leur évolution, l'Algérie s'est fixée comme objectif d'exporter 85 Gm3 de gaz à l'horizon 2010. Les infrastructures actuelles seront renforcées par deux projets Medgaz et Galsi. Le Medgaz reliera, cette année, l'Algérie directement à l'Espagne par voie sous-marine et permettra de livrer du gaz aux autres pays européens. Le projet de gazoduc Galsi reliera l'Algérie au nord de l'Italie via la Sardaigne. Et enfin le projet gazoduc transsaharien qui démarrera du Nigeria à l'horizon 2015. Yacine B.