L'Algérie redouble d'efforts pour garantir la relance de son industrie touristique et drainer davantage d'investissements nationaux et étrangers. Seulement, l'Algérie accuse un retard important dans ses infrastructures touristiques, engendré par des années de négligence, et beaucoup reste à faire pour rattraper ses voisins maghrébins et devenir une destination de choix. L'année dernière, 1,74 millions de touristes ont visité l'Algérie, selon le ministère du Tourisme, 1,2 million d'entre eux sont des Algériens et à peine 500 000 sont des étrangers, alors que la Tunisie a accueilli près de 7 millions de visiteurs et le Maroc 8 millions, selon des statistiques officielles. Le gouvernement a élaboré le Schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat), une stratégie qui détermine les zones à développer et définit les mesures à adopter pour soutenir les investissements. Cette stratégie prévoit la construction de plus de 280 hôtels qui est en cours d'exécution, et ce pour parvenir a atteindre l'objectif que l'Algérie s'est fixée, à savoir attirer 20 millions de touristes étrangers par an à l'horizon 2025.C'est ainsi que Cherif Rahmani a signé, fin janvier, des contrats avec des investisseurs nationaux porteurs de 90 nouveaux hôtels, dont 12 répertoriés comme étant de catégorie cinq étoiles, et ce dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale visant à élargir le parc d'hébergement destiné aux touristes. Lors d'un entretien avec OBG (Oxford Business Group), M. Rahmani a cité quelques défis que l'Algérie doit relever afin de devenir une destination touristique à part entière, à commencer par l'amélioration de la gestion des ressources humaines dans le secteur. Pour cela le gouvernement a créé une école nationale à Tipaza destinée à la formation aux métiers du tourisme. Elle offre aux étudiants un large éventail de programmes, notamment une meilleure connaissance des technologies de l'information et de la communication, une compétence que le gouvernement considère comme étant vitale au développement du secteur. Reste néanmoins quelques facteurs à corriger notamment les insuffisances en matière de santé publique et en infrastructures, ainsi que la menace terroriste ; mais le programme d'Etat destiné à améliorer les infrastructures et les services sociaux, pour un montant de 150 milliards de dollars, a permis de répondre à quelques préoccupations, à savoir la modernisation des aéroports et l'amélioration de l'accès routier aux régions côtières et à l'intérieur du pays ; quant à la situation sécuritaire, elle s'est nettement améliorée avec la création en juillet dernier d'une nouvelle unité forte de quelque 1000 policiers ayant pour mission de sécuriser les sites touristiques à travers le territoire. L'image du pays en tant que destination touristique sûre a été particulièrement ternie par la succession d'attentats terroristes. De nombreux pays comme le Canada, les Etats-Unis et les pays membres de l'Union européenne appellent leurs ressortissants à la prudence en cas de déplacement en Algérie, surtout dans les zones excentrées et isolées. S'agissant du tourisme saharien, M. Rahmani a déclaré à OBG qu'il est crucial pour l'Algérie, indiquant que le gouvernement avait identifié quatre sites propices à de nouveaux aménagements. Néanmoins, si la situation sécuritaire ne connaît pas d'amélioration, les investisseurs et les visiteurs potentiels resteront prudents. Par ailleurs, le Conseil mondial du tourisme et des voyages a indiqué, dans son dernier rapport sur l'industrie touristique publié l'année dernière, que la contribution du tourisme au PIB national de l'Algérie était passée de 6,4% en 2008 (l'équivalent de 8,4 milliards de dollars) à 6,6% en 2018 (l'équivalent de 13 milliards de dollars). Le Conseil prévoit une accélération plus significative de la croissance du secteur du tourisme au cours de la prochaine décennie, en accord avec les prévisions générales concernant l'évolution de la situation économique du pays. Le gouvernement espère que l'intérêt grandissant que suscite la destination Algérie et les investissements qui en résultent permettront de réduire le taux du chômage ; mais le Conseil table sur une faible hausse du pourcentage de la main-d'œuvre employée dans le secteur au cours des 10 prochaines années, prévoyant qu'elle passera de 506 000 en 2008 à 666 000 en 2018. Malgré le surplus en valeur absolue, cela représenterait une augmentation minime en termes d'emplois, de 5,6% à 5,7%, dans la mesure où de plus en plus de jeunes entrent dans la vie active, engendrant une hausse considérable de demandes d'emploi en Algérie. En attendant de voir les promesses du Schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat) se concrétiser, l'industrie touristique de l'Algérie sera occultée par celle des pays voisins. Néanmoins, avec ses paysages époustouflants et des kilomètres de plages, l'Algérie pourrait trouver une place au soleil d'ici 2015. Brahim Mahdid