Le ministre qatari de l'Energie, Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah, s'est prononcé lundi contre une nouvelle réduction, dans l'immédiat, de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour soutenir les cours du brut."Il n'y a pas besoin, pour le moment, d'une réunion extraordinaire de l'Opep ou d'une réduction supplémentaire de la production de l'organisation", selon le ministre, cité par l'agence des Emirats arabes unis Wam. "Nous devons attendre de voir l'impact des dernières réductions sur le marché", a-t-il ajouté à Abou Dhabi où il participait à un forum économique. Il faut dire que les cours du pétrole remontent et flirtent à nouveau avec les 60 dollars. soutenus par la persistance du froid aux Etats-Unis et la mise en oeuvre de la baisse de production décidée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 58,19 dollars, perdant quelque 22 cents en milieu de journée. Vendredi, il avait clôturé au plus haut depuis le 3 janvier. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars baissait de 19 cents à 58,83 dollars lors des échanges électroniques, après avoir atteint 59,36 dollars plus tôt. Les analystes pétroliers qualifient la légère baisse du pétrole de "mouvement non significatif", et non "révélateur de la faiblesse du marché". Après un passage à vide en début d'année, les cours ont regagné 15% de leur valeur à Londres et 19% à New York en deux semaines, stimulés par l'arrivée du froid dans l'hémisphère nord. Ils restaient soutenus par des températures toujours inférieures aux normales saisonnières dans le nord-est des Etats-Unis, grand consommateur de produits de chauffage. Selon les prévisions des services de météorologie vendredi, les températures devaient rester inférieures aux normales dans cette région jusqu'au 15 février. Les cours sont également soutenus par la décision de l'Opep entrée en vigueur à partir du 1er février à propos d'une nouvelle baisse de sa production de 500.000 barils par jour (bj), après celle de 1,2 million de barils (mbj) décidée en octobre. Le ministre qatari, dont le pays est membre de l'organisation pétrolière, a soutenu que "les pays de l'Opep respecteront la réduction de 500 000 bj" après avoir "appliqué scrupuleusement les réductions" de 1,2 mbj comme "en témoignent les statistiques sur leur niveau de production en janvier", a-t-il souligné. Pour sa part, le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, qui est aussi vice-président de cette organisation, a déclaré dimanche à Alger que "la réduction des extractions a été mise en application par tous les pays membres de l'Opep, y compris l'Algérie". Avant d'ajouter que l'Algérie avait, comme les autres membres de l'organisation, réduit jeudi sa production pétrolière conformément aux engagements pris à Abuja. La baisse de production revenant à l'Algérie est de 25 000 barils par jour. Ces réductions ont permis au marché de "se stabiliser à un niveau raisonnable", a fait remarquer le ministre, en estimant que cette stabilité pourrait se poursuivre jusqu'au trimestre prochain. "Si au 2è trimestre la demande baisse de 2 millions de barils par jour (b/j), comme cela est attendu, nous verrons peut-être une petite faiblesse des prix mais rien qui puisse affecter le niveau actuel de 50 - 60 dollars qu'il faudra maintenir sur toute l'année", avait-il dit à la presse. Sur un autre registre, le ministre qatari de l'Energie, rejeté lundi l'idée d'une "Opep du gaz", évoquée par le président russe Vladimir Poutine. "Il n'y a pas lieu de créer une telle organisation car le gaz est différent du pétrole", a déclaré M. Attiyah, interrogé sur les propos du président Poutine, qui a jugé "intéressante" l'idée d'une "Opep du gaz", une organisation s'inspirant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Cité par l'agence Wam des Emirats arabes unis où il participait à un forum économique, le ministre qatari a ajouté : "Nous disposons d'un Forum rassemblant les pays exportateurs de gaz qui se réunira en avril à Doha et que nous devons développer". Pour sa part, M. Chakib Khelil, avait lui aussi écarté récemment l'idée de créer une "Opep du gaz" en raison de la spécificité et de la rigidité de ce marché. "Il est très difficile de parler d'une Opep du gaz car le marché gazier est différent du marché du pétrole", a déclaré M. Khelil à l'issue d'entretiens avec le ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, M. Victor Khristenko en visite en Algérie du 19 au 22 janvier dernier. "Si le marché du pétrole est liquide et répond à l'offre et à la demande, celui du gaz est régional (asiatique, européen et américain) et rigide", a expliqué le ministre en ajoutant que le marché du gaz reposait sur des gazoducs et des unités de gaz naturel liquéfié (GNL) et "n'a pas la même liquidité que le pétrole". Le président russe avait qualifié jeudi dernier d'"intéressante" l'idée d'une "Opep du gaz", en précisant toutefois que la Russie ne voulait pas "créer un cartel" mais trouvait qu'il serait "bien" que les pays producteurs de gaz puissent "coordonner (leurs) activités pour assurer aux consommateurs un approvisionnement fiable". Le Qatar est classé au troisième rang mondial, après la Russie et l'Iran, pour ses réserves de gaz naturel dans le gisement géant de North Field, évaluées à plus de 25 000 milliards de m3. Ce pays du Golfe, membre également de l'Opep, s'est fixé pour objectif de devenir le premier exportateur mondial de GNL dès 2010 avec une production annuelle de 30 millions de tonnes.