Le Fonds de l'ONU pour l'agriculture et le développement (Fida), basé à Rome, a estimé jeudi dernier que la crise économique mondiale actuelle était “la plus grave de mémoire d'homme”, appelant à des investissements “beaucoup plus élevés” dans la filière agricole. “Nous traversons la crise économique globale la plus grave de toute une génération”, a déclaré le Suédois Lennart Bage, président sortant du Fida qui a élu mercredi un nouveau représentant à sa tête, le Nigérian Kanayo F. Nwanze. “Déjà avant cette crise, environ une personne sur six vivait dans la faim et la pauvreté. Ce nombre croît actuellement. Rien que l'année dernière, cent millions de personnes supplémentaires ont rejoint les rangs des affamés. Ce fait traduit une inversion de tendance”, a-t-il déploré. “Le fait désolant est que l'offre à long terme est incapable de satisfaire la demande. Cette demande doit s'accroître de 50% d'ici 2030 et doubler d'ici 2050”, a souligné Lennart Bage, au terme de huit ans passés au poste de président. “Une production agricole plus importante est essentielle, mais cela reste un vœu limité parce que les terres agricoles sont limitées” et “tout gain futur de production (agricole) ne peut donc venir que d'un gain de productivité (...)”. “Cela exige plus d'attention politique et un investissement beaucoup plus élevé dans toute la filière agricole”, a déclaré Lennart Bage. Il a notamment estimé que les petits exploitants devaient être mobilisés dans les plans d'augmentation de l'offre alimentaire, rappelant que “près de 500 millions de petites exploitations représentaient plus de deux milliards de personnes”. Selon Lennart Bage, l'augmentation de la production agricole est indispensable mais la possibilité d'augmenter les terres cultivables est limitée. Il n'y aurait que 10 à 15% de terres supplémentaires disponibles pour l'agriculture, si l'on ne veut pas abattre des forêts. Aussi, l'essentiel de l'augmentation de production agricole devra venir d'une productivité plus élevée par hectare des cultures existantes. Il y a près de 500 millions de petites exploitations agricoles, ce qui représente plus de 2 milliards de personnes, un tiers de l'humanité. «En Afrique et en Asie, les petites exploitations agricoles représentent 80% des terres cultivées. Au niveau mondial, les familles de petits exploitants constituent la grande majorité des pauvres, vivant avec moins de 1 ou 2 dollars par jour. En même temps, elles sont un élément important du potentiel de production alimentaire mondiale», a dit M. Bage. La plupart des petites exploitations agricoles ont une très faible productivité, mais elles peuvent doubler ou tripler leurs rendements si elles ont accès aux semences, aux engrais, à l'irrigation et au financement. Le Fida est une agence des Nations unies dont le mandat est d'aider les populations rurales à travers le monde à s'extraire de la pauvreté. Dalila T.