Par B.Chellali Les accords de partenariat économique (APE) que négocient les pays d'Afrique avec les pays européens suscitent bien des interrogations. Le bilan est, comme tout, négatif. Les résultats ne sont nullement encourageants tant les objectifs ne sont jamais efficaces. La construction de ce partenariat Europe-Afrique n'est pas prise en charge dans la cohérence en rapport avec les déséquilibres du pouvoir économique et politique et des ambitions légitimes du continent africain. Une situation qui, au mois de décembre dernier au cours du sommet euro-africain à Lisbonne (Portugal), a été l'objet d'un fort sursaut de plusieurs dirigeants africains qui ont manifesté «un refus clair de signer les accords dits de ‘partenariats économiques'», qui sont, en réalité, de véritables accords de libre-échange. Il est nécessaire de souligner l'aspect éminemment négatif de ce partenariat, car le concept d'interdépendance et de co-développement entre le Nord et le Sud n'a pas fait son chemin dans le sens voulu. Et il ne faut pas croire que les APE vont satisfaire, à eux seuls, les besoins des pays africains. Il échoit donc à l'Afrique tout entière de se hisser à un plus haut degré de cohésion et de rigueur pour que demain le continent puisse occuper une place de choix dans les préoccupations de la politique et de la diplomatie occidentale. En fait, les aspirations des peuples d'Afrique, leurs intérêts stratégiques et économiques devraient survenir dans l'immédiat pour être protégés. Et c'est avant tout dans la façon que les Africains résoudront leurs propres problèmes qu'ils seront jugés sur la scène internationale, alors que règne et persiste une «fâcheuse crise mondiale» dont les effets sont particulièrement pernicieux pour les pays sous-développés. Sans tenir compte des avis des observateurs qui s'interrogent sur les conséquences présentes et futures de «soubresauts» qui troublent les relations politiques entre le Nord et le Sud, il appartient aux dirigeants africains de se mettre au travail pour la solution des problèmes du continent et qui nécessite tout singulièrement le renforcement de la coopération interafricaine pour faire face ensemble aux multiples pressions de la mondialisation et aux pressions politiques et économiques des pays industrialisés, en clair, aux pressions des grandes puissances tant la mauvaise conjoncture mondiale pourrait aggraver la situation sociale et économique de plusieurs pays africains. Dans cette étape cruciale, la voie pour l'intensification des relations de coopération Sud-Sud, d'autant plus que le Nord ne semble pas mûr pour assurer les responsabilités qui lui incombent dans cette interdépendance, l'Afrique est mise devant ses responsabilités pour se prendre en charge.L'Afrique n'a donc rien à attendre de ces partenaires européens. Il suffit pour s'en convaincre de dire que jusqu'à présent aucun mécanisme n'est prévu pour arriver à quelques décisions importantes (participation ou accord pour le financement des stocks régulateurs de matières premières, étude d'un système de garanties multilatérales afin d'aider les pays en voie de développement à accéder aux marchés malgré leur faible solvabilité etc.).