Le Président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a appelé les gouvernements d'Europe occidentale à apporter leur soutien à la région d'Europe centrale et de l'Est, désormais à cours de liquidités et perçue comme le nouvel épicentre de la crise financière. Il faut dire que la Banque mondiale est en mesure de tripler le montant de ses prêts, pour atteindre cette année un total de 35 milliards de dollars (BIRD), et a, en outre accéléré l'allocation de son fonds de 42 milliards de dollars (IDA) en faveur des pays les plus pauvres. Selon Robert B. Zoellick, 120 milliards de dollars sont nécessaires à la recapitalisation du système bancaire de la région. Une répartition mondiale des fonds destinés à la recapitalisation conformément aux "exigences de diversification" du Fonds de recapitalisation, 10 % des ressources au maximum pourront être alloués à chaque banque, 20 % à chaque pays et 25 % à chaque région. Mais les banques en difficulté ne seront pas les seules bénéficiaires. Le Groupe de la Banque mondiale, comprenant la BIRD, l'IFC et la MIGA, travaille de concert avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque européenne d'investissement (BEI). Leur tâche consiste à déterminer si, comme l'a déclaré M. Zoellick au Financial Times, la Banque mondiale peut contribuer à la restructuration et à la recapitalisation, dans le cadre du plan de réforme macroéconomique du FMI. On précisera que le soutien des gouvernements européens est indispensable car, qu'il s'agisse d'un fait accidentel ou non, le problème réside en partie dans un éventuel retrait des liquidités détenues par les banques d'Europe occidentale en Europe centrale et de l'Est. L'objectif est en effet de fournir des capitaux aux institutions bancaires afin qu'elles puissent continuer à accorder des prêts aux entreprises et aux particuliers qui, autrement, ne pourraient disposer de cet argent, explique Flavio Guimaraes, responsable de l'équipe chargée du fonds de recapitalisation de l'IFC. Par ailleurs, M. Zoellick appelle les pays développés à allouer 0,7 % de leurs plans de relance à un Fonds vulnérabilité destiné aux pays en développement qui n'ont pas les moyens de mettre en place leurs propres mesures de redressement. "Il ne s'agit pas d'une crise régionale, mais planétaire. Les solutions doivent donc également être envisagées à l'échelle mondiale", affirme M. Zoellick. Par conséquent, il est notamment nécessaire de soutenir les pays en développement, cela doit faire partie des solutions apportées à la crise. Il faut dire qu'il ne s'agit pas uniquement de renflouer les banques, mais de les aider à renforcer leurs capitaux, afin qu'elles puissent retrouver confiance pour prêter à nouveau et qu'elles soient mieux préparées si cette crise économique persistait. On précisera que le "Fonds soutiendra les banques les plus solides et testera également l'efficacité de la réponse apportée", précise Jean-Marie Masse, qui dirige l'équipe chargée du Fonds en Europe et qui avait contribué à la réussite du programme de l'IFC en faveur des banques coréennes durant la crise financière asiatique survenue à la fin des années 1990. La recapitalisation du système bancaire est un élément essentiel de la réponse proposée par le Groupe de la Banque mondiale face à la crise financière internationale. D'autres outils sont également prévus, tels qu'un fonds visant à dynamiser les échanges commerciaux, des filets de protection, le développement d'infrastructures et la mise en place d'une assurance contre les risques politiques pour les banques (MIGA). Le nouveau fonds vise un impact systémique. L'IFC, filiale de la Banque mondiale, a mis en place en décembre dernier un nouveau Fonds de recapitalisation doté de trois milliards de dollars, visant à renforcer les systèmes bancaires qui pourraient être confrontés à des problèmes de liquidité en Asie, Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne, en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu'en Europe centrale et de l'Est. Le Fonds, qui devrait annoncer ses premiers investissements fin mars ou début avril, compte pour l'instant sur un milliard de dollars de l'IFC et deux milliards de dollars du Japon, alloués par l'intermédiaire de la Banque japonaise pour la coopération internationale. Les administrateurs de la Banque mondiale ont approuvé un plafonnement à cinq milliards de dollars, mais des sous-fonds destinés à dynamiser le financement de certaines régions pourront éventuellement être instaurés. Malika A.