La crise mondiale est toujours d'actualité, plus grave encore, les prévisions prévoient encore le pire dans tous les domaines. La Banque mondiale avait effectué une étude qui démontre que les 47 mesures de restrictions mises en place par les17 pays du G-20 concernant le commerce portent préjudice à d'autres pays. Depuis le début de cette crise, 78 mesures commerciales ont été proposées ou mises en œuvre, dont 66 concernaient des restrictions commerciales. On ajoutera que 47 d'entre elles sont rentrées en vigueur. Il est vrai que par rapport à la taille des marchés non touchés, ces mesures ont des effets probablement négligeables, mais leur incidence négative est considérable sur les exportateurs particuliers exclus des marchés. C'est pourquoi le président du Groupe de la Banque mondiale, M. Robert B. Zoellick, avait clairement déclaré que les dirigeants ne doivent pas avoir recours aux solutions protectionnistes. Avant d'ajouter que l'isolationnisme économique peut conduire à un enchaînement négatif d'événements exactement comme cela est produit dans les années trente, où l'isolationnisme économique avait rendu la situation, déjà mauvaise et critique, nettement pire. Pour éviter toute surprise d'augmentation de droits de douane pour les porter à un niveau de consolidation ou tirer pleinement partie de la marge de décaissement des subventions agricoles, dans la mesure où la situation empirerait, la Banque mondiale insiste sur la rapide conclusion du cycle de Doha. Il est clair que cette situation que connaît le monde aujourd'hui est dramatique, c'est pourquoi certaines importantes industries voire la colonne vertébrale du commerce qui est l'industrie de l'automobile, bénéficient des subventions proposées, et ces dernières se sont multipliées et totalisent quelque 48 milliards de dollars à l'échelle mondiale, essentiellement (42,7 milliards) dans les pays à revenu élevé. Outre la subvention directe de 17,4 milliards de dollars consentie par les Etats-Unis à leurs trois entreprises nationales, le Canada, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, l'Argentine, le Brésil, la Suède et l'Italie ont eux aussi octroyé des subventions directes ou indirectes au même secteur — sans compter l'appui de l'Australie à ses concessionnaires automobile et l'aide accordée par la Corée du Sud et le Portugal à leurs fournisseurs de composants. Sauf qu'il est très important de souligner que dans la mesure où cette industrie souffre de surcapacités, ces subventions empêcheraient de résoudre le problème et retarderaient systématiquement l'ajustement. L'étude relève que plusieurs facteurs ont clairement atténué les pressions protectionnistes et fait en sorte que ce fléchissement mondial se distingue des pressions des années 30. Les chaînes d'approvisionnement, l'importation d'intrants et même les services ont rendu les pays beaucoup plus interdépendants. Les milieux intéressés par les exportations sont nettement plus puissants par rapport aux industries exposées à une concurrence parfaite des importations. Les fabricants de produits destinés au marché national sont davantage tributaires d'intrants importés, et les chaînes de production relient les marchés mondiaux grâce à un réseau d'échanges de pièces et de composants. Le ratio simple du commerce au PIB s'élève aujourd'hui à 96 %, contre 55 % en 1970, tandis que le commerce des pièces et des composants, un indicateur des chaînes d'approvisionnement, a plus que doublé en pourcentage du total des échanges. En outre, les accords successifs GATT/OMC ont nettement accru la stabilité juridique des relations commerciales. En raison de l'économie politique actuelle qui est assez différente, quelques restrictions proposées ont été rejetées, ou n'ont pas été adoptées. Au Brésil, par exemple, des modalités d'octroi de licences et des mesures de contrôle des importations rappelant les années 70, que les bureaucrates tentaient d'imposer à grande échelle, ont plutôt suscité l'indignation du secteur privé, ce qui a conduit à leur retrait immédiat. De même, les dispositions les plus flagrantes de la clause «Achetez américain» semblent avoir été contournées. Par ailleurs, une dizaine des 77 changements proposés et opérés au niveau des politiques commerciales consistaient en des mesures visant une plus grande libéralisation et liées pour l'essentiel aux accords de libre-échange. Malika A.