Les Macédoniens étaient appelés, hier, aux urnes pour des élections présidentielle et locales en forme de test de la maturité politique de l'ex-république yougoslave candidate à l'intégration européenne. L'adhésion à l'UE pourrait être compromise pour plusieurs années si le scrutin était émaillé de fraudes ou de débordements. Des heurts entre partis rivaux de la forte minorité albanophone qui ont fait un mort et une dizaine de blessés ont éclaté l'an dernier à l'occasion des dernières législatives. Si les élections de dimanche ne répondaient pas aux normes internationales, "cela renverrait la Macédoine très loin en arrière et retarderait considérablement ses perspectives de rapprochement avec l'UE", a averti Erwan Fouere, représentant de l'UE à Skopje. Dans son dernier rapport qui remonte à novembre, la Commission européenne a par ailleurs pressé la Macédoine d'organiser des élections irréprochables. Selon Fouere, "C'est vraiment la dernière chance avant plusieurs années de prendre le train de l'UE". La Macédoine a fait acte de candidature en 2005 et espère obtenir avant la fin de l'année une date pour le début des négociations d'adhésion. En dépit d'une amélioration des relations entre la majorité slave et la minorité albanaise, qui ont été au bord de la guerre civile en 2001, le pays reste économiquement pauvre et politiquement instable, à l'aune européenne. A cela s'ajoute la persistance de sa querelle vieille de 17 ans avec la Grèce, qui conteste son appellation de République de Macédoine, affirmant qu'elle dégage des relents irrédentistes visant sa province du Nord. Le président macédonien sortant Branko Crvenkovski a exhorté la classe politique à tout mettre en oeuvre pour s'assurer que le scrutin se déroule de façon régulière et démocratique."La Macédoine doit montrer qu'elle a une capacité démocratique suffisante pour poursuivre le processus d'intégration à l'UE et à l'Otan. Le premier pas que chacun connaît, c'est d'avoir des élections pacifiques, honnêtes et démocratiques", a-t-il souligné dans un communiqué. Sept candidats se présentent à la présidence, le favori étant le professeur de droit conservateur Gjorgje Ivanov, candidat pour la première fois à une fonction qui, en Macédoine, est principalement protocolaire. Son principal adversaire est l'ancien ministre et conseiller présidentiel Ljubomir Frckovski. Les deux hommes et les cinq autres candidats en lice sont tous considérés comme pro-occidentaux. Les sondages indiquent qu'un second tour sera probablement nécessaire pour départager les deux candidats arrivés en tête. Près de 1,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes.