La campagne électorale de la présidentielle du 9 avril est en train de battre son plein. Mais, contrairement aux échéances précédentes, l'affichage, qui occupe une place importante dans les stratégies de communication, fait encore défaut. Pas de messages politiques sur les murs témoins des batailles politiques. Sinon, timidement. En effet, après plus d'une semaine de campagne, les murs sont encore " muets ". Le constat est là. Ainsi, ce moment de grande mobilisation citoyenne, la campagne d'affichage qui accompagne les candidats dans leur stratégie de communication est quasi inexistante. Stratégie de communication ou manque de moyens financiers pour faire une bonne campagne électorale ? Les avis sont partagés. Pour certains, c'est par "pure stratégie de communication" que les affiches ont été occultées. Car arguent-ils, "les candidats de l'opposition qui critiquent le gaspillage des tenants du pouvoir, ne peuvent pas se permettre une certaine dépense par les temps qui courent au risque d'être taxés de dénigreurs par les populations qui semblent devenues mûres". Pour le staff de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, la forme ne constitue pas le premier critère dans la stratégie de communication. Selon eux, le candidat privilégie le contact direct avec la population pour convaincre. Cependant, le choix du portrait officiel de la campagne et de la couleur bleue n'est pas fortuit. Elle demeure la couleur privilégiée généralement par les professionnels de la communication et des experts du marketing politique à travers le monde. Dans le cas de Bouteflika il s'agit d'une couleur qui l'a accompagnée depuis son premier mandat, renvoyant ainsi à l'espoir pour dépasser la crise que traversait le pays. Ces affiches sont des initiatives des différents comités de soutien qui ont reproduit les photos choisies et publiées sur le site électronique du candidat, et sous la supervision de sa direction de campagne. Toutefois, reconnaît le staff, cette stratégie de campagne n'est pas comparable aux stratégies de marketing politique déclinées ailleurs et qui privilégient un peu trop la forme par rapport au fond. Partageant le même souci dans l'utilisation de tous les vecteurs possibles et disponibles pour transmettre les messages phares du candidat, le conseiller politique du candidat Moussa Touati, Tine Mohamed, a, de son côté, indiqué que le site du Front national algérien (FNA) a été réactualisé et mis au service du candidat du parti. La simplification du message électoral du candidat a été le souci "majeur" de la direction du FNA. "A travers nos slogans et le portrait de notre candidat, où les couleurs nationales sont dominantes, nous voulons exprimer notre appartenance au peuple algérien, et montrer que nous sommes porteurs d'un projet de changement". Pour le premier responsable du staff de campagne du candidat du FNA, tabler sur une communication basée sur l'image équivaut "à mettre en veilleuse l'essentiel, c'est-à-dire, les solutions concrètes que le candidat propose pour régler les problèmes quotidiens des citoyens". La "sobriété" dans la forme est aussi la base essentielle dans la stratégie de communication de la candidate du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui a fait le choix de la simplicité dans le message. Selon le secrétaire national du PT, Karim Labchri, l'affiche officielle de la candidate pour cette campagne, met en relief un portrait sobre de Mme Hanoune sur un fond constitué d'une masse populaire renvoyant au slogan générique du PT qui résume l'essentiel du programme de campagne, à savoir "parce que la souveraineté populaire est l'immunité de la souveraineté nationale, la parole au peuple". Les méthodes traditionnelles de la culture orale ont constitué, par ailleurs, la stratégie de communication du candidat du mouvement El Islah, Mohamed Djahid Younsi. Conçue par les cadres de son parti, cette stratégie s'accompagne également de l'utilisation de nouveaux vecteurs, comme les SMS, Internet et le site web ouvert à cette occasion. Le staff du candidat Mohamed Saïd a fait, lui aussi, le choix de la sobriété, avec cette particularité de faire participer des jeunes sortants de l'Institut de journalisme dans les débats audiovisuels pour matérialiser la volonté du changement chez le candidat. Si l'orange est la couleur de communication du directoire de ce candidat, symbolisant l'espoir et le changement, selon Saliha Mohamedi, membre de la cellule de communication du directoire de campagne de Mohamed Saïd, il n'empêche que sur le plan de la forme, la "sobriété" est de mise pour montrer le "sérieux" de la démarche du candidat. Du côté du candidat du parti AHD 54, Ali Fawzi Rebaïne, la "sobriété" dans le message de campagne et dans la forme "n'a pas été un choix stratégique", mais s'est "imposée par manque de moyens", a souligné Aïssa Belmeki, directeur de campagne du candidat. Le choix s'est porté sur le site Internet, les dépliants et les affiches mais sans qu'ils soient adossés à une quelconque stratégie de communication. Adnane Cherih