Selon l'ancien vice-président de la Bourse de New York, George Ugeux, le sommet du G20 a été beaucoup plus une "réunion politique". "Elle a été bien vendue par les chefs d'Etat à leurs différents publics nationaux. Chacun estimant qu'il avait fait des victoires considérables en ce qui l'intéressée. Mais la réalité, c'est que nous n'avons pas eu un sommet qui a donné beaucoup de substance". Par contre, il estime que la valeur du sommet, c'est qu'il se soit réuni, qu'il y a un consensus sur les thèmes, et que c'est fois-ci enfin, "l'ensemble des chefs d'Etat ont donné un discours plus optimiste que ceux qu'on a l'habitude d'entendre". George Ugeux, qui intervenait hier sur les ondes d'une radio française, a par ailleurs fait la différence entre le choc de confiance qui est, d'après lui, de nature plus psychologique. "S'il y a un choc de confiance, il faudra voir les choses avec plus de confiance, rien que cela pourrait faire changer considérablement le rythme de la récession dans laquelle nous sommes". Il explique que le choc de confiance se trouve beaucoup plus dans le ton des commentaires. "Soyons extrêmement clairs, les 1 100 milliards de dollars annoncés étaient déjà acquis pour les trois quart. C'est du réannoncement de mesures qui ont été déjà faites. Les mesures qu'on pouvait regarder sur le plan concret, elles par contre manquent de substance". L'engagement pris a triplé les ressources du FMI et pourrait être de nature à ne pas faire repartir la machine. Une interrogation qui fait dire à l'ancien numéro deux de la bourse de New York, qu'il faut bien comprendre le rôle du FMI. "D'abord, sur les 650 milliards qui ont été annoncés, il y avait déjà 500 qui avaient été annoncés, il y a un moins et on a eu 250 milliards de plus, une excellente chose ; mais le FMI, a une fonction particulière, c'est d'aider les pays en difficulté de balance de paiement donc, son intervention devrait être en direction des pays en développement et cela ne va pas être injecté dans les économies occidentales". Il explique le renforcement des ressources du FMI par le fait que la crise par laquelle le monde est passé : "Un certain nombre de pays connaissent des fragilités particulièrement dans les pays en voie de développement. Et ce sont ces pays-là qui ont besoin d'interventions complémentaires". Par rapport à cela, il était indispensable de réorienter le FMI. C'est-à-dire faire davantage de prévention que de sauvetage en dernière minute d'économies mal en point. "On a les moyens ; cet argent ne va pas être déboursé immédiatement. Il va se faire au fil du temps parce qu'il faut savoir que la manière dont les gouvernements ont réglé les problèmes de la crise financière, c'est en grande partie en créant les déficits budgétaires et pour certains pays, c'est particulièrement difficile". Sur un autre plan, George Ugeux pense que désormais, il y a un état d'esprit de gouvernance mondiale par rapport notamment à la gouvernance des entreprises. "Nous devons être réaliste, la gouvernance se décide au niveau des Etats. Les Etats-Unis ont annoncé il y a une semaine qu'ils allaient changer dans leur système de réglementation. Ils ont lancé leur idée et cela fonctionne par rapport au système américain. Mais il y a une faiblesse qui parait inquiétante, c'est l'Europe, parce que l'Europe n'a pas de gouvernance, et n'a pas d'institutions de gouvernance communes ". Il explique que la concertation existe mais uniquement entre Etats. "Il n'y a pas, au niveau européen, une banque centrale qui a pour juridiction de vérifier les banques ni d'une autorité de marché, et par rapport à cela, nous en sommes à des mesures nationalistes". A son avis, la première chose à faire, c'est de construire cette architecture au niveau européen avant d'imaginer même que l'on puisse construire quelque chose au niveau mondial. Ahmed Saber