Le rendez-vous livresque maghrébin “Maghreb des livres” s'est clôturé, dimanche soir, à Paris, après une intense activité éditoriale et une affluence record du public. Cet événement, qui a consacré pour son édition 2007, un “ Spécial Algérie”, a reçu, comme attendu, plus de 6 000 visiteurs et plus de 80 auteurs maghrébins qui ont procédé au cours de la manifestation à des ventes dédicaces et autres rencontres. En marge de ce rendez-vous, le prix littéraire Beur FM Méditerranée a été remis, samedi soir, à l'écrivain et cinéaste d'origine algérienne Mehdi Charef. Le trophée a été décerné pour son dernier livre A bras le cœur sorti en 2006 aux éditions, Mercure de France. La cérémonie de remise du Prix, a été marquée par la présence de plusieurs invités, dont l'ambassadeur d'Algérie en France, Missoum Sbih, qui s'est félicité de la tenue de cette manifestation culturelle et a relevé “ la richesse de la culture du Maghreb et notamment algérienne mise à l'honneur ” lors de cette 13ème édition. A bras le cœur, est un récit qui rappelle le succulent, Gone du Chaâba de Azzouz Beggag, un émigré qui a, tout comme Mahdi Charef, vécu dans le bidonville de Nanterre au moment ou la France avait besoin de la main-d'œuvre africaine et maghrébine pour se reconstruire. Dans ce récit autobiographique, Mahdi Charef raconte les tribulations d'un petit garçon dont la vie n'a pas toujours été facile. Pour vivre, il a dû se battre : chez lui, sur la terre de ses ancêtres, comme en France, son nouveau pays d'accueil, au milieu des années 1960. Généreux, profondément sincère, l'auteur dresse un tableau attachant de sa famille et propose le récit de son expérience d'immigré. “ Depuis que maman a dit à ma grand-mère qu'on allait bientôt rejoindre mon père en France, Hanna vient tous les jours à la maison. Pour mon père, vivre sans nous est une épreuve. Nous lui manquons, la décision est prise. Moi, au début, je n'ai rien ressenti, je ne savais pas quel effet ça faisait d'être là-bas. Ensuite, je me suis mis à vivre avec une inquiétude tenace que je trimbalais partout. Et la tristesse en prime : quitter Hanna, le reg, ma tribu, Abdel, tout! J'ai prévenu l'école de mon départ. La maîtresse est ravie pour moi. Elle dit qu'en France, il y a des feux verts et rouges qui règlent la circulation, des cabines d'ascenseur dans les maisons très hautes, des trains qui roulent dans les tunnels. - Ton père habite où ? Quand j'ai répondu Nanterre, elle était moins ravie pour moi... ” Lit-on dans la présentation de cet ouvrage primé. Né le 21 octobre 1952 à Maghnina en Algérie, Mehdi Charef arrive en France à l'âge de dix ans et vit dans des cités de transit et les bidonvilles de la région parisienne. Issu d'une famille d'ouvriers, il suit une formation de mécanicien et travaille à l'usine comme affûteur de 1970 à 1983. Ecrivain, il débute en tant que réalisateur grâce à Costa-Gavras qui lui conseille de réaliser lui-même l'adaptation d'un de ses romans : Le thé au Harem d'Archi Ahmed (Mercure de France, 1983), qui remporte Le César de la meilleure première œuvre et le prix Jean Vigo. Le cinéaste continue à traiter de l'immigration avec, Miss Mona. Adepte de sujets graves, il esquisse au travers de la plupart de ses films des portraits de femmes. En 1988, dans, Camomille, il décrit une droguée en manque qui veut changer de vie. Dans, Au pays des Juliets, sélectionné à Cannes, il suit la trajectoire de trois prisonnières. Et avec, Marie-Line, il donne à Muriel Robin son premier rôle dramatique qui lui vaut une nomination pour le César de la meilleure actrice. Il revient par la suite à ses thèmes de prédilection, l'émigration, rendant hommage à son Algérie et aux Algériens avec, La fille de Keltoum. En 2005, il signa une première pièce de théâtre, 1962, évoquant la fin de la guerre d'Algérie.