Le système financier mondial reste soumis à une très rude épreuve, tant dans les pays avancés que dans les pays émergents, tandis que les flux nets de capitaux privés vers ces derniers seront négatifs en 2009, a indiqué le FMI dans son dernier rapport publié hier. La forte compression des financements transfrontaliers aura pour effet d'exacerber la crise dans plusieurs pays émergents, du fait que le retrait des banques et investisseurs étrangers ainsi que l'effondrement des marchés à l'exportation provoquent sur les financements de ces pays un effet de contraction qu'il est urgent de contrecarrer. Les besoins de refinancement des pays émergents sont considérables, de l'ordre de 1 800 milliards de dollars en 2009, selon les estimations. D'après les estimations actuelles, les flux nets de capitaux privés vers les pays émergents seront négatifs en 2009 et il est peu probable que les entrées de capitaux reviennent à l'avenir aux niveaux antérieurs à la crise, ajoute le FMI qui, indique, par ailleurs, que le ralentissement de l'activité économique mondiale pèse encore plus lourdement sur les bilans des banques, dont les actifs continuent de se dévaloriser. La croissance du crédit marque le pas, ou devient même négative, ce qui freine davantage l'activité économique. Il faudra, malgré tout, d'autres mesures énergiques et efficaces et une plus grande coopération internationale pour entretenir ce redressement, rétablir la confiance du public dans les institutions financières et normaliser les marchés, préconise-t-il. Pour remettre le secteur financier d'aplomb, il faut adopter des politiques propres à dissiper les tensions sur les marchés de financement des banques et des entreprises. D'après les meilleures estimations du FMI, la dépréciation des actifs d'origine américaine passerait de 2 200 milliards de dollars à 2 700 milliards de dollars, principalement du fait de la dégradation du scénario de référence de croissance économique. Si les données qui sous-tendent ces scénarios présentent une plus grande incertitude, il en ressort toutefois que les pertes de valeur pourraient atteindre près de 4 000 milliards de dollars, montant dont les deux tiers concerneraient les banques. L'inversion du levier financier et la contraction de l'activité devraient, à court terme, freiner la croissance du crédit aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans la zone euro, voire la rendre négative, et il faudrait vraisemblablement attendre plusieurs années pour observer une reprise. Il existe un risque réel que les gouvernements rechignent à mobiliser suffisamment de ressources pour résoudre le problème. Qui plus est, l'incertitude liée aux réactions politiques peut avoir un effet dissuasif sur le secteur privé dans la recherche constructive d'une solution ordonnée aux tensions financières. Pour stabiliser le système bancaire, trois conditions s'imposent, selon le FMI. Il s'agit d'un rôle plus actif des instances de supervision dans la détermination de la viabilité des institutions et des mesures correctives appropriées, une information transparente et complète sur les éléments compromis des bilans bancaires et une indication claire des superviseurs quant au type de fonds propres requis et aux délais consentis pour atteindre les nouveaux ratios de fonds propres. En outre, d'autres mesures doivent être adoptées dans l'immédiat pour enrayer la propagation de la crise aux pays émergents et maîtriser le risque de protectionnisme financier. Les problèmes dont souffrent les systèmes bancaires des pays avancés et la contraction de l'activité économique mondiale frappent désormais de plein fouet les pays émergents. Comme dans les pays avancés, les Banques centrales des pays émergents devront mettre suffisamment de liquidités à la disposition de leur système bancaire. Le complément de ressources mis à la disposition du FMI à l'issue du sommet du G20 peut aider les pays à amortir les retombées de la crise financière sur l'activité réelle et, surtout dans les pays en développement, les effets sur les pauvres. Le gros du risque de refinancement de la dette extérieure des pays émergents se concentre dans le secteur des entreprises, ce qui pourrait justifier l'appui direct de l'Etat en faveur de ces dernières. Synthèse Ouzna Mesroua