La nuit des Fennecs d'Or s'est maintenue même après le limogeage de son initiateur, Hamraoui Habib Chawki, du poste de DG de l'ENTV, et a maintenu aussi son caractère faste (limousine, tapis rouge et smoking exigé), et sa volonté de hisser en haut de l'affiche les confectionneurs professionnels de navets. D'abord exclusivement local, ce rendez- vous annuel qui est censé distinguer les meilleures productions nationales vues à la télé entre l'année 2008-2009, se présente comme une sorte de jeu de famille où les cartes sont biaisées d'avance. Et puis y a-t-il réellement une production nationale ? Nous le verrons en commençant par déchiffrer le palmarès de cette nuit proposée jeudi dernier au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi et retransmise en direct sur les trois chaînes jumelles de l'ENTV, (A3, Canal Algérie.) Combien de films ont été sélectionnés et combien d'entre eux ont-ils été primés ? Il y a eu quatre feuilletons, quatre téléfilms, deux séries et deux sitcoms, donc en tout douze productions en compétition pour douze trophées dont deux, celui spécial du jury et du meilleur décor, annulés.Voyons maintenant les titres lauréats, " Cœur en conflit ", un feuilleton de Nazim Kaidi, un jeune inconnu, technicien à la télé et devenu du jour aux lendemain réalisateur : ce film a été trois fois primé au Fennecs d'or : Prix de la meilleure musique : Saïd Bouchelouche, Prix du meilleur second rôle féminin : Nassima Chams, Prix du meilleur son : Hakim Toumi. C'en est trop pour un feuilleton " bête " comme un vaudeville et dans lequel les incohérences, les forts accords, la faiblesse du scénario, sont flagrants. De plus rappelez- vous que dans ce mélo feutré où l'amour triomphe, il y a un prosélytisme outrancier : plus de deux minutes pour une scène de prière sans compter les autres références à l'islam à tout bout de champ comme si l'appel à la prière qu'il aurait fallu peut être intégrer n'aurait pas suffit à montrer son appartenance à la religion de l'islam. Mais bon, on ne le sait que trop, les vrais artistes ont toujours subi la politique de l'ostracisme, ça nous étonne plus que des chapeaux feutrés de hauts responsables sortent des lapins maquillés qui deviennent stars " des jeux de famille." Parcequ'ailleurs on les nomme même pas ! Farida Saboundji doit entendre parler de Sofia oran à peu prés de la même génération ou de Liz Taylor, mais la réciproque n'est pas évidente ! Un autre produit, "Valeurs en déperdition" a été également triplement consacré : Prix du meilleur second rôle masculin pour Reda Laghouati, Prix de la meilleure interprétation féminine pour Kinda Hana, Prix de la meilleure interprétation masculine de Bassem Yakhour. Ce sont des syriens pour la plupart qui ont raflé la mise. Possible pour leur éloquence, sachant que ce pays dépasse actuellement l'Egypte dans la production et la compétence télévisuelle. Mais, il fallait simplement rester dans " le jeu de famille " car cet écart sent le louche, d'autant que la soirée n'est pas internationale même si HHC, mise souvent sur le côté glamour en invitant pour plus de crédibilité sans doute quelques noms de la scène arabe internationale : cette année, l'invité c'était l'égyptienne Boussi et sa fille et le comédien syrien Bessam Koussa. L'interminable feuilleton, "Badhra 2" a aussi eu droit à deux prix : le Prix du meilleur montage pour El Hachemi Miliani et Zoheïr Lerari, et le Prix de la meilleure réalisation pour Mohamed Hazourli ! Ouf Hazourli de la station régionale de l'est a commis il y a peu un navet avec un budget colossal, de " Alger capitale de la culture arabe" avec son égérie et ami de toujours, Mohamed Ajaïmi, le poète du " sur commande ." Le titre du navet porte déjà en lui-même tous les signes d'une blancheur douteuse, " Ali oua Ali oua Ali. "Une vague histoire d'héritage, racontée dans une ambiance d'un ennui chronique et pourtant filmé dans le paradis du Sud. Hazourli qui était plutôt connu pour sa caméra cachée, Asab oua Awtar qui ont fait leur temps est reparti avec un chèque d'un million de dinars ! Rien que çà, de quoi encourager toutes les incompétences ! Meriem Mokrani