A la veille de la tenue de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, le rebond du baril se confirme. En effet, le contrat sur le baril livrable en juillet prochain gagnait environ 1% à 63,05 dollars inscrivant ainsi un plus haut depuis le mois de novembre dernier. Cela devrait assurer le maintien du statut quo par l'Opep, car même si les marchés sont inondés de pétrole et que les prévisions de demande restent pessimistes, le baril va de l'avant. Le fait est que le pétrole est déconnecté de ses fondamentaux et s'en trouve soutenu par le rebond boursier et la faiblesse de la monnaie américaine. Selon le Centre for Global Energy Studies (CGES), ce rebond devrait se consolider dans les mois à venir. "Le Brent s'échange à 60 dollars le baril et pourtant le monde semble être inondé de pétrole", constate le cabinet londonien, soulignant le paradoxe d'un pétrole qui est remonté par rapport à ses plus bas et d'un rapport offre-demande toujours en faveur de prix faibles. "Le marché du pétrole a-t-il atteint un tournant ?", s'interroge le cabinet, notant une demande qui commence à dépasser l'offre et des stocks qui commencent à décroître sérieusement. "Le marché semble avoir balayé la morosité économique", souligne l'étude, qui se demande si "les prix actuels sont le résultat des importants flux spéculatifs à la recherche de futurs gains ou un indicateur de changements plus fondamentaux à venir ?". Si la demande reste inférieure par rapport à la même période de 2008, la consommation mondiale de pétrole sera cependant supérieure au deuxième trimestre 2009 par rapport au premier, selon le calcul effectué par CGES. "Il ne s'agit pas de dire que les perspectives pour la demande de pétrole sont bonnes mais elles sont moins mauvaises" par rapport aux mois précédents, commente le cabinet. Il apparaîtrait que les distributeurs et les consommateurs de pétrole ont répondu au début de récession en diminuant leurs stocks, augmentant du coup le poids des réserves en amont, du côté des grandes compagnies, des traders et des producteurs, explique l'étude qui note que la diminution de ces stocks n'a pas été enregistrée dans la mesure où la demande est mesurée au stade "raffinerie" et non au stade "consommation". Mais une fois que les stocks "en aval" seront épuisés, les commerçants et distributeurs de détail n'auront d'autre choix que de racheter du pétrole aux raffineurs. "Ce mouvement pourrait déjà être en cours" avancent les auteurs. Il semble aussi, que la baisse de la demande ne soit que conjoncturelle. Ainsi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) compte sur la croissance de la consommation mondiale de pétrole dans les prochaines années. Ainsi, le directeur pour les marchés pétroliers de l'agence Didier Houssin estime que "la demande de pétrole en 2030 sera plus grande qu'en 2007. Selon lui, pour soutenir l'extraction de pétrole et sa consommation d'ici 2030 il est nécessaire d'investir 26 mille milliards de dollars. La moitié de ces investissements doivent être débloqués pour la production d'électricité, 24% pour l'extraction de pétrole et 21% pour l'extraction de gaz. Selon les calculs de l'agence, pour soutenir le niveau actuel de la consommation de pétrole il est nécessaire d'extraire 45 millions de barils supplémentaires par jour, pour couvrir la demande croissante - 65 millions de barils quotidiennement d'ici 2030. Samira G.