Des bons justificatifs de la stratégie industrielle, en passant par différents segments prioritaires à développer pour conclure, enfin, avec l'instrument de mise en œuvre de la nouvelle approche, telle a été l'approche faite par l'économiste et vice-président du Conseil national économique et social (CNES) hier, lors de son passage à l'émission "En toute franchise", de la Chaîne III. Il n'a omis aucun aspect de ce dossier qui fait la une de l'actualité nationale. "L'industrie ne participe qu'avec 6 % au PNB, c'est préoccupant. Il faut au moins obtenir le double de ce taux !". Voici, par exemple, une raison de se doter au plus vite de cette stratégie dont il est lui-même, un des concepteurs les plus avertis. M. Mekideche définit cette stratégie comme "un ensemble de moyens politiques, appuyés sur une ambition nationale et structurée autour d'un consensus avec les partenaires et qui a pour objectif d'améliorer les performances des différentes branches". L'invité de la Chaîne III insiste sur "performances" et "consensus". C'est indissociable… Rejoignant les convictions de M. Abdelhamid Temmar, Mekideche explique le concept de rupture par une étape qui suit une phase de réforme antérieure. " J'imagine, tout simplement, qu'il y a eu un premier processus de réformes dans les années 90 qui nous a permis d'obtenir la stabilisation macroéconomique et le rééquilibre des dépenses publiques, etc. et qu'il s'agisse aujourd'hui de restructurer les secteurs d'activités ". Il y a là, évidemment, une nouvelle démarche, une politique volontariste de l'Etat pour soutenir certaines branches. " Même la BM et le FMI ont changé de doctrine. Les marchés, comme le nôtre, ne sont pas organisés et contiennent des éléments qui appellent une intervention d'en haut, de l'Etat ", souligne le vice-président du CNES. Aux yeux de cet expert en stratégie économique, le débat, aujourd'hui, est surtout loin d'être celui d'opposer le privé au public, ni les investisseurs nationaux aux étrangers… " Il faut apprendre à marcher sur les deux pieds "…" Ce serait réduire la démarche industrielle à un terrain très restreint (…) Les PME peuvent s'intégrer dans un climat d'internationalisation. Il faut songer à soutenir le secteur privé et réanimer ce qui reste du secteur public tout en attirant les investissements étrangers. Tout pour améliorer la taux de la croissance économique. Nul n'exclut l'autre", argumente l'invité de la Chaîne III. La stratégie permettra ainsi à tous les investisseurs, nationaux ou étrangers, d'avoir la visibilité nécessaire pour savoir clairement où ils doivent mettre leur argent. Ils ont besoin de disposer d'une information économique suffisante et fiable pour qu'ils puissent sécuriser leurs investissements. La stratégie est une transparence aussi qui évite de rééditer des erreurs qui expliquent la tendance chez les opérateurs, dans un passé récent, à investir dans la création des minoteries croyant que celles-ci n'étaient pas en nombre suffisant. Concernant la promotion par secteur, la question doit être précédée d'un diagnostic détaillé, dit, M. Mekideche. Il s'agit de l'avis de cet expert, de voir ce qui en reste du secteur économique public et quelle est la place qui lui reste encore, mais sans toutefois l'opposer au secteur privé. Il y a des solutions de sortie de la stagnation qui passent par un rigoureux travail d'analyse du tissu industrielle actuel. Il en ressort d'emblée qu'un certain nombre d'entreprises sont cliniquement mortes, comme dans les secteurs des textiles, des cuirs, et autres activités en difficultés. Puis, il convient de convenir qu'il "existe de grosses unités viables mais dont l'activité est liée à des branches internationalisées par les marchés, comme la sidérurgie, la mécanique et l'électronique. Là, où il serait de fournir un effort d'intégration à l'exemple des expériences du complexe d'El Hadjar, du groupe Henkel. Ces sociétés ont pu avoir, quand même une seconde vie. C'est possible de rééditer le succès avec d'autres. " Le diagnostic doit identifier les branches où il y a des avantages comparatifs, où l'Algérie démarre avec des atouts comme la disponibilité des hydrocarbures qui interviennent en matières premières dans les industries de transformations comme la pétrochimie, métallurgie, ce qui mettra celles-ci en situation de compétitivité internationale. Aussi, l'important volume des investissements publics nécessite la disponibilité des produits comme le ciment. Ce qui explique le retour de cette industrie comme l'illustre l'expérience d'Orascom d'ailleurs. D'autres branches d'activités peuvent revenir en force aussi tels que l'agroalimentaire, l'électronique et les services. Mekideche révèle d'ailleurs sur ce point, que la balance des investissements dans les services est lourdement déficitaire alors que l'Algérie dispose de ressources humaines de haut niveau. " L'Algérie est le premier producteur des scientifiques en Afrique du Nord, c'est un atout qu'il faut faire valoir", souligne M. Mékideche.