Rencontre n La privatisation et la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle ont été débattues, hier, par les spécialistes lors d'une table ronde organisée par le centre de presse d'El Moudjahid. Pour le premier intervenant, Rédha Amrani, consultant en économie industrielle, «la privatisation est un élément du développement économique et social, mais il ne faut pas en faire un dogme», a-t-il souligné. Pour lui, la politique prônée par le gouvernement manque de consultation et de concertation. En clair, la stratégie industrielle a besoin de transparence et de bonne gouvernance. Pour cela, l'orateur suggère la création d'un marché de managers pour mieux gérer nos entreprises. Aussi, celles-ci «doivent être protégées pour leur mise en compétitivité». D'après l'expert, il faut d'abord injecter suffisamment d'argent pour nos entreprises économiques à même de les mettre à niveau pour procéder ensuite à la mise en œuvre de processus de privatisation. Pour appuyer sa thèse, l'économiste citera l'exemple d'un pays pourtant développé (la France) dont le gouvernement n'a pas hésité à mettre 105 milliards d'euros sous forme d'aide directe et indirecte pour dynamiser les entreprises de ce pays. Pour lui, les IDE (Investissements directs étrangers) sont un instrument complémentaire et qui, pour l'opérateur économique, «ne viennent que pour faire de l'argent », clame-t-il. Alors il faut aider les nationaux, poursuit-il, en leur accordant des subventions pour se mettre à niveau et s'impliquer au développement local. Pour sa part, Malek Serrai, consultant international, estime qu'il faut dynamiser le processus de privatisation en procédant au «nettoyage des textes juridiques», et en donnant plus de transparence et moins de bureaucratie pour permettre d'avancer plus rapidement. De son côté, Zaïm Bensaï, président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, est d'avis que l'Etat doit garder «la mainmise sur les entreprises stratégiques», mais tout en ouvrant le capital de ces entreprises. Au sujet des SGP (Sociétés de gestion des participations de l'Etat) qui ont été transférées aux ministères de tutelle, l'orateur dira que leur mission est arrivée à sa fin car l'opération des privatisations est pratiquement achevée à 80%. Concernant le contrôle des entreprises publiques par l'IGF, l'orateur estime que cela est nécessaire, car il permettra d'établir des bilans financiers clairs et d'actionner davantage le processus de privatisation. Enfin, pour Mohamed Ghernaout, expert aux comptes, ce sont les entreprises privées qui réalisent le plus fort taux de croissance économique. Alors, il faut leur donner «des chances d'adhérer au développement».