Les ministres allemand et canadien des Finances ont appelé vendredi leurs homologues du G8 à discuter des mesures de sortie de crise, compte tenu des signes d'atténuation de la récession qui se multiplient. "Il est temps d'avoir des discussions sur la façon de se désengager des plans de relance. Il est réaliste de commencer à parler de la stratégie de sortie", a déclaré le ministre canadien des Finances Jim Flaherty à son arrivée à la réunion des ministres des Finances du G8 à Lecce dans le sud de l'Italie. Selon les prévisions préparées pour la réunion par le Fonds monétaire international, la croissance économique devrait être de 2,4% en 2010 et non de 1,9% comme anticipé auparavant. Mais le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a toutefois déclaré à la presse qu'il serait "difficile" pour l'Allemagne de trouver un soutien chez les autres membres du groupe pour une discussion immédiate sur la réduction des mesures d'incitation fiscale prises par les gouvernements. Un appel en faveur d'une fin des plans de relance risque toutefois de trouver un écho assez mesuré chez les nations membres du G8 qui n'ont toujours pas perçu d'amélioration manifeste de la situation économique. Vendredi, l'agence Eurostat a révélé que la production industrielle de la zone euro avait chuté de 20% sur un an en avril, un record sans précédent, laissant craindre un deuxième semestre plus mauvais que prévu. Un haut responsable européen s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a estimé que la mise en place d'un calendrier de sortie de crise était cruciale "Ce qui est primordial, c'est que les mesures de sortie de crise soient rapides et significatives, c'est pourquoi elles doivent être préparées avec attention. "Il y a des risques que cela soit fait trop tard ou bien beaucoup trop rapidement. Ce n'est pas encore le bon moment (de sortir des plans de relance) car il y a un risque d'aggraver la situation si l'économie continue de se détériorer. En plus de ces stratégies de sortie de crise, les ministres des Finances devront s'entretenir du durcissement ou non de la régulation financière, un sujet controversé qui divise les pays membres du G8, et de la mise place de tests de résistance à l'égard des banques européennes à l'image des stress tests organisés par Washington. Flaherty a lancé un appel en direction des pays européens afin qu'ils testent leurs banques et qu'ils en révèlent les résultats. L'Europe s'est jusqu'à présent révélée réticente à mener des tests de résistance comparables à ceux conduits aux Etats-Unis. Les représentants des banques centrales européennes ne participeront pas au sommet de Lecce et des responsables ont déclaré que la question des devises et des changes ne serait pas évoquée. Les marchés seront cependant très attentifs aux propos qui seront tenus par les ministres des Finances, surtout s'ils abordent la question de la faiblesse du dollar ainsi que la hausse des cours du pétrole. La vulnérabilité du billet vert s'est accentuée cette semaine après la décision de la Russie de se séparer d'une partie des Treasuries qu'elle détient afin de diversifier ses réserves. Cette fragilité, largement imputable au gonflement de l'emprunt public américain, inquiète les Européens qui craignent que la chute de la monnaie américaine entraîne un recul plus prononcé encore de leurs exportations.