Partie du constat que le métier de lutherie est en voie de disparition chez nous, la ministre de la culture Khalida Toumi s'est dit être favorable à la création d'une école de lutherie pour la sauvegarde des techniques de fabrication des instruments de musique. C'est en tout cas l'information qu'elle a fait parvenir à travers un texte lu lors du colloque qui s'est tenu à Alger en présence de 14 luthiers représentant une dizaine de pays."Nous sommes en train de réfléchir sur la création d'une école de lutherie pour la sauvegarde des techniques de fabrication des instruments de musique, avec la collaboration des secteurs de la formation et l'enseignement professionnels et de l'artisanat ", a souligné Khalida Toumi via son texte lu. Selon elle, la future école de lutherie " assurera le transfert du savoir et des expériences de la part des professionnels en la matière des luthiers qualifiés ", a-t-elle ajouté, précisant qu'elle aura un " aspect académique ", fondé sur des méthodologies scientifiques. Concernant le colloque, Toumi a indiqué qu'il représente une opportunité pour échanger les expériences et de se concerter sur la situation actuelle de la lutherie, qu'elle soit à l'échelle nationale ou mondiale. Soulignant que la lutherie est un domaine " loin d'être facile " du fait que le fabricant d'instruments de musique doit répondre à plusieurs critères, la ministre a indiqué que la sauvegarde de ces métiers revêt actuellement une " importance majeure " pour la protection des instruments ancestraux et traditionnels qui représentent le côté matériel du patrimoine musical. Khalida Toumi a relevé que cette sauvegarde "ne peut se concrétiser sans la mise en place de liens à même d'assurer la continuité entre les anciennes et les nouvelles générations de fabricants d'instruments de musique ". Le colloque international sur la lutherie a permis aux participants de débattre, pendant deux jours, de plusieurs thèmes qui portent principalement sur l'histoire, l'innovation et les spécificités de la fabrication des instruments de musique de chaque pays. Une exposition d'instruments de musique est organisée en marge du colloque qui se tient à l'Institut supérieur de musique d'Alger. Le métier de luthier risque de disparaître, c'est pourquoi les spécialistes proposent d'établir un diagnostic et se situer dans le réel afin de sauvegarder ce métier en mettant, dès à présent, des assisses pour son développement. Les artisans luthiers utilisent toute une gamme d'outils spécifiques pour travailler les dizaines de pièces qui composent l'instrument. Un luthier est un artisan qui fabrique, répare et restaure les instruments de musique à cordes pincées ou frottées tels que les violons, altos, violoncelles, violes d'amour, guitares, etc. Le terme dérive de luth. Quant au métier de luthier, celui-ci débute par une formation professionnelle assidue de plusieurs années. L'art de ces professionnels commence avec le choix des bois employés, déterminant pour l'esthétique de l'instrument et surtout pour la qualité sonore, et se poursuit avec la fabrication de l'instrument proprement dit, phase en grande partie artisanale. Toute une gamme d'outils spécifiques au métier, identiques à ceux employés depuis le XVIIème siècle, est utilisée pour travailler les pièces qui composent l'instrument - à titre d'exemple, pour le violon, il y en a environ 80 - les assembler et les coller. Le luthier a également un rôle d'entretien des instruments et archets, de réparation voire de restauration du patrimoine instrumental. Certains luthiers sont aussi archetiers (facteurs d'archets), mais ceci reste un métier spécifique à part entière. Le luthier numérique a aussi fait son apparition depuis les années 1970. Par cette appellation, le luthier (fabricant de son) revient vers la définition originelle de la lutherie : la fabrication de l'inouï. Dès lors, il s'agit d'utiliser en composition contemporaine (ou de mélanger avec des instruments classiques) des instruments apparus avec l'ère électronique : boîte à rythmes, scratch, vocoder et autre échantillonneur. Certains appellent également " luthier ", par abus de langage, un facteur de cornemuses, et par extension, du facteur d'instruments de musique traditionnelle. Par Rachida Couri