La remontée des cours de pétrole commence à provoquer de vives réactions en Europe. C'est ainsi que cabinet londonien Centre for Global Energy Studies (CGES) a publié un rapport dont l'objectif n'est autre que de mettre l'Opep au banc des accusés. Le CGES estime en effet que le doublement des prix du brut depuis le début de l'année devrait normalement inciter l'Opep à augmenter son offre. Selon le CGES quelle que soit l'origine de la poussée "la réponse correcte à apporter est de stimuler l'offre". Le CGES met en avant l'impact que pourrait avoir une remontée des cours sur une éventuelle reprise économique. Il semblerait que le cabinet se complaît à traiter la situation du marché que d'un seul angle de vue. Il est donc utile de rappeler un fait. La chute brutal des cours du baril a entraîné le gel de nombreux projets aussi bien dans l'amont que dans l'aval pétrolier. Il faut dire que l'épuisement des gisements de pétrole conventionnel induira désormais des surcoûts importants pour l'exploitation du pétrole. Chose qui a été mise en avant non seulement par les pays producteurs mais aussi par les majors pétrolières occidentales. Aussi, le Fonds monétaire international (FMI) a tenu à souligner dans un récent rapport que la baisse des cours du pétrole et le gel en conséquence des projets d'exploration pétrolière, pourrait à moyen terme induire de nouvelles tensions sur le marché pétrolier, menaçant ainsi la pérennité de la reprise. Autre élément à prendre compte, celui des fondamentaux. Il est aujourd'hui admis que le baril est déconnecté de ses fondamentaux. Même si les consommateurs de pétrole s'attellent à présenter le problème sous l'angle de l'offre, il n'en demeure pas moins que la crise des marchés pétroliers est plutôt liée à un problème de demande. Selon l'AIE, la consommation d'or noir va atteindre 83,3 millions de barils par jour (mbj), soit une baisse de 2,5 mbj par rapport à 2008. Cela démontre clairement que le marché est suralimenté. Aujourd'hui le rebond pétrolier ne peut être expliqué que par l'appétit des spéculateurs pour le baril, lesquels se tournent vers les matières premières à chaque fois que la monnaie américaine chavire. Aussi dans pareille situation le rebond ne peut être que conjoncturel et ne peut se traduire en état permanent, à moins que les espoirs de reprise économique ne se confirme par la renaissance de l'activité industrielle mondiale. Preuve en est, le recul des marchés pétroliers cette semaine. En effet, le pétrole continuait de baisser hier, pour la troisième séance de suite. Sur le Nymex de New-York, le baril de brut livrable en août prochain cédait 0,7% à 67,05 dollars vers 13 heures. Le baril est même tombé à 66,26 dollars le matin. Il accuse toujours le coup de la révision en baisse de ses prévisions de croissance par la Banque mondiale, qui table sur une récession planétaire de 2,9% cette année, contre une précédente estimation de - 1,7%. Le sentiment général d'optimisme qui prévalait jusqu'à présent quant à la reprise rapide de la croissance et donc de la demande de brut a fait place à un sentiment nettement plus mesuré. Les stocks de brut américains avaient d'ailleurs enregistré une forte hausse la semaine dernière. Les facteurs structurellement haussiers, comme le regain d'attaques contre les installations pétrolières du delta du Niger et les troubles politiques en Iran pèsent de moins en moins. Samira G.