Quelle intégration financière maghrébine ? de l'avis de nombreux observateurs, le Maghreb est loin d'être perçu comme une place financière commune. Individuellement, la Tunisie et le Maroc ont mis en place des marchés financiers qui s'adaptent à peine à l'état de développement de leurs économies respectives. Pour les autres pays du Maghreb, en dépit d'un potentiel énorme, les marchés financiers restent à l'état embryonnaire. Il y a bien une initiative institutionnelle à travers la création de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) qui devra opérer à l'échelle de toute l'Union du Maghreb arabe (UMA). Adopté le 29 mars 2006 à Tunis, par le conseil des ministres maghrébins des Finances, le statut de cette institution dans sa forme définitive définit la mission impartie à cette banque régionale. Celle-ci consiste à contribuer à la mise en place d'un environnement favorisant une meilleure intégration régionale, l'investissement mixte, l'intensification des échanges commerciaux et une meilleure circulation des marchandises et des capitaux. La BMICE, qui aura pour siège Tunis, a reçu pour mission de "contribuer à la mise en place d'une économie maghrébine intégrée, de financer les projets mixtes, d'encourager la circulation des capitaux et de développer les échanges commerciaux". Le Capital déclaré est fixé à 500 millions de dollars tandis que le capital devant être souscrit au moment de la création de la BMICE est fixé à 150 millions de dollars répartis à parts égales entre les cinq pays membres. Néanmoins, c'est du côté du secteur privé que les initiatives se multiplient. Les banques marocaines se sont montrées particulièrement agressives. Attijariwafa, première banque au Maroc, s'est associée avec le groupe bancaire espagnol Santander pour racheter, en 2005, la banque tunisienne " a Banque du sud", rebaptisée, en 2006, à dessein commercial, "Ettijari". En 2006, une autre banque marocaine, la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), a pris l'initiative de contribuer à la création, à Tunis, d'une nouvelle banque d'affaires tuniso-marocaine "Axis Capital". Cette banque a été créée en partenariat égal entre la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE), et Axis, entreprise tunisienne spécialisée dans les métiers de conseil financier, de gestion d'actifs et d'intermédiation boursière. La création d'Axis Capital constitue une étape sur la voie de la création d'une "institution financière maghrébine de premier plan", et ce après la création d'antennes en Libye, en Mauritanie et en Algérie. Du côté tunisien, le groupe "Tunisie Leasing", spécialisé dans la location de longue durée (LLD), le factoring et le capital investissement, a créé, durant le premier semestre 2006, à Alger, en partenariat avec la 2ème banque privée tunisienne Amen Bank, une société de leasing off shore, "Maghreb Leasing Algérie" pour un investissement de 18 millions de dinars (10,5 millions d'euros). Notons aussi la présidence de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), première banque privée en Tunisie. L'ensemble de ces établissements financiers à vocation maghrébine vient enrichir et renforcer le dispositif déjà en place depuis des années : les banques off shore qui travaillent sur la région et la Banque mixte tuniso-libyenne (BTL), spécialisée dans le financement des échanges commerciaux entre les deux pays. Isma B.