L'un des moteurs de l'économie nationale, le secteur bancaire, est appelé à jouer un rôle primordial pour soutenir la demande intérieure. C'est ce que prône le bureau londonien de consulting Oxford Business Group. Selon le dernier briefing de cet organisme, «étant donné que la demande européenne risque de rester faible pour un moment, le secteur bancaire algérien devra jouer un rôle de plus en plus important dans l'augmentation de la demande intérieure». Le document, mis en ligne cette semaine, constate que cette recommandation suit la même logique que celle du FMI qui avait qualifié au cours de sa consultation de 2009, la réforme du secteur financier en Algérie de «clé» pour l'augmentation de la productivité, le développement économique et une croissance durable qui ne soit pas tributaire des hydrocarbures. Le document d'OBG, qui cite le rapport sur la compétitivité de l'Afrique de 2009 publié récemment par le Forum économique mondial (FEM), fait état d'un accès difficile aux prêts pour les petites et moyennes entreprises (PME). La même source indique en effet que 20,6% des répondants qui ont participé à l'«Africa Competitiveness Report» ont affirmé que l'accès difficile aux prêts était l'un des facteurs les plus problématiques quand il s'agissait de faire du commerce en Algérie. OBG affirme aussi que «bien que les banques étrangères, telles que la BNP Paribas, la Société générale et la Citigroup, aient réussi à mettre un pied dans le système, les banques publiques disposent encore d'environ 95% des actifs bancaires totaux et des portefeuilles de prêts». Le bureau londonien, rappelant les grands axes de la politique économique, a souligné que le gouvernement, dans sa stratégie de croissance, s'engage encore à miser sur les grandes sociétés publiques, mais il a également été établi que le développement des PME, afin qu'elles puissent se mettre au service à la fois de ces grandes sociétés et de l'économie nationale intérieure dans son ensemble, était une façon de favoriser davantage la croissance. Et c'est dans cette logique que les rédacteurs pensent qu'afin de prospérer réellement, «les entreprises devront avoir accès au capital». Ainsi, ajoutent-ils, «il est probable qu'à long terme, une fois la crise financière terminée, le gouvernement devra envisager à nouveau de privatiser quelques banques de façon à assurer l'accès au capital des PME». OBG nous donne l'exemple de la Tunisie, «classée première dans l'Africa Competitiveness Report», qui «conforte l'idée de la nécessité d'une réforme».En effet, explique-t-on, «en Tunisie, le fait de faciliter l'accès au crédit a permis de créer un environnement florissant pour les PME où de petites entreprises ont pu collaborer avec des grandes sociétés au profit du marché local, notamment dans le domaine des technologies de l'information». Un système bancaire «suffisamment armé» pour faire face à la crise Bien qu'on reproche aux banques de ne pas participer amplement au financement des entreprises, il y a lieu de dire que le système bancaire «est suffisamment armé non seulement pour faire face à la crise financière actuelle, mais également pour avoir des répercussions de plus en plus positives sur le reste de l'économie du pays». Le rapport sur la compétitivité de l'Afrique souligne que l'Algérie est une des quatre économies africaines dont «les systèmes bancaires compétitifs» et «les systèmes réglementaires fonctionnels» permettent de bien réagir à la crise. On y a notamment souligné que, bien que la réforme algérienne ait été «lente», le pays était doté d'un système financier qui «faisait encore preuve d'une intermédiation remarquable». Et dans le même ordre d'idées, OBG juge que «la bénédiction» du FEM est une bonne nouvelle pour le secteur bancaire algérien dont les efforts de privatisation ont été entravés au cours de ces dernières années, notamment par la crise qui s'installait sur les marchés des pays développés. Cette crise qui a eu comme on le sait des effets sur le processus d'ouverture de ce secteur. Ainsi rappelle OBG, «la privatisation partielle du Crédit Populaire d'Algérie, qui devait avoir lieu au début de 2008, a été retardée, puis écartée lorsque la crise des prêts à haut risque a commencé vers la fin de 2007». «Des six banques internationales qui avaient, au départ, reçu l'autorisation du gouvernement de participer à l'appel d'offres, trois se sont retirées du processus [dont l'espagnole Banco Santander et le géant américain en difficulté Citigroup], ce qui a ébranlé la procédure prévue», ajoute encore le document, lequel rappelle également que le gouvernement a diversifié, en 2002, l'accès au capital non bancaire en créant un marché de la dette publique à travers lequel on encourageait par la suite les grandes entreprises publiques à émettre leurs propres obligations. Une stratégie constate le FMI qui a contribué à la mise en place d'un marché des obligations des sociétés «beaucoup plus important que celui des autres pays qui se trouvent à la périphérie de l'Europe des 15». Pour OBG, cette stratégie judicieuse, ainsi que la relative lenteur de la réforme dans le secteur bancaire ont été d'autant plus bénéfiques qu'il était nécessaire d'absorber l'excédent de trésorerie plutôt important du système bancaire algérien, un excédent hérité d'une économie d'exportations dont l'élément principal étaient les hydrocarbures. Il est utile de mentionner sur cette question nodale que le plan d'action du gouvernement a apporté un certain nombre de mesures nécessaires pour la poursuite des réformes. Il est précisé dans le plan d'action en fait que «le gouvernement compte parachever la réforme du système bancaire par notamment, l'amélioration de l'intermédiation bancaire, la consolidation du système de paiements électroniques déjà en fonctionnement, la généralisation de la monétique et de l'usage du chèque qui sera promue pour la traçabilité des fonds». Le gouvernement compte aussi renforcer le respect «des règles prudentielles, la promotion des centrales de risques crédits et l'encadrement du crédit à la consommation». Sommairement, la mise à niveau du système financier se décline tout autant par «la dynamisation du marché financier dans son compartiment obligataire et celui des actions à travers la consolidation de la législation régissant ces deux marchés et la sensibilisation des opérateurs économiques pour s'engager dans ce domaine». S. B.