Déconnecté de ses fondamentaux, le cours du baril de pétrole dépend de l'état des marchés. Après avoir baissé en dessous des 60 dollars la semaine dernière, voilà que les cours du pétrole dépassaient les 66 dollars hier en début d'échanges européens, entamant une quatrième séance de rebond, poussés par un vent général d'optimisme sur l'économie mondiale et par une progression continue des Bourses d'actions.A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre gagnait 97 cents à 66,35 dollars, par rapport à la clôture de vendredi, sur l'InterContinental Exchange (ICE). A la même heure, le brut léger texan (WTI) prenait 1,06 dollar à 64,62 dollars sur le New York Mercantile Exchange. En Asie, le baril de "light sweet crude" pour livraison en août gagnait 21 cents à 63,77 USD, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août grimpait de 27 cents à 65,65 dollars. Les cours du brut étaient portés par une vague générale d'optimisme: après avoir été rassurés par les résultats de Goldman Sachs, Citi, Bank of America la semaine dernière, les Bourses comptent sur un sauvetage du groupe de services financiers CIT. Selon le New York Times de lundi, CIT a conclu dimanche soir un accord avec ses créanciers qui vont lui apporter 3 milliards de dollars sous forme d'un prêt pour lui permettre d'échapper à un dépôt de bilan. "La relative vigueur des Bourses avait été un facteur important pour le rebond des cours du brut la semaine dernière et elle le restera cette semaine", estime Olivier Jakob, analyste du cabinet zurichois Petromatrix. Aussi, les bons chiffres des mises en chantier de logements aux Etats-Unis, qui suggèrent que le pire est passé pour ce secteur durement touché par la crise ont tiré les cours vers le haut. Les chiffres publiés vendredi par le ministère américain du Commerce montrent une hausse de 3,6% des mises en chantier de logements en juin, au-delà des estimations initiales. "Les prix du pétrole ont tiré profit des chiffres des mises en chantier de logements aux Etats-Unis", a indiqué la Commonwealth Bank of Australia dans une note. Par ailleurs et stimulé non par une reprise tangible de la demande mais par des facteurs exogènes -- mouvements de la Bourse américaine, valeur du dollar et grands indicateurs macroéconomiques -- le marché pétrolier reste vulnérable, soulignent des analystes. "Un retrait des prix est toujours dans les possibilités, même si les cours brisent le seuil de résistance de 66 dollars (ce qui s'est produit lundi matin, ndlr)", estime ainsi Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. "Les volumes sont relativement bas, sur un marché d'abord guidé par ce qui se passe sur les autres marchés", comme ce fut le cas vendredi après les bons chiffres de la construction aux Etats-Unis, ajoutait-il. Le mouvement de la semaine dernière "était de nature technique, non motivé par un changement du côté de l'offre et la demande", abonde le courtier américain Stephen Shork dans une note. Sur le front de la demande, la situation reste de fait préoccupante aux Etats-Unis, avec des stocks de distillats massifs et une consommation d'essence toujours faible, malgré la saison des grands déplacements automobiles. Toutefois, des signes de consommation dynamique ont été relevés en Asie, notamment un bond de l'activité des raffineries chinoises, au plus haut depuis 16 mois. "Bien que le marché surveille de près le niveau des stocks et la demande estivale (d'essence) aux Etats-Unis, des nouvelles indiquant une amélioration de l'économie en Asie, et en particulier en Chine, ont joué un rôle plus important en faveur d'une hausse des prix", a ainsi rappelé David Hart, analyste du courtier Hanson Westhouse. Le marché n'a pas semblé s'émouvoir des déclarations du ministre angolais du pétrole, qui a estimé vendredi que l'Angola devrait bénéficier d'un traitement spécial de la part de l'Opep, et être exclu du système de quotas de production de pétrole afin de produire davantage. L'Angola dépasse déjà de facto son quota de production de 1,517 million de barils par jour (mbj). Synthèse S.G.