La finance islamique se développe à une vitesse grand V en Europe. Ainsi, le groupe bancaire Al Baraka, qui se développe depuis 30 ans dans le monde arabe et musulman, affirme son identité de marque et prépare son implantation en France. Outre le financement de l'investissement, la banque offre également tous les services bancaires courants (comptes de dépôts, virements locaux et internationaux, payements électroniques, opérations liées au commerce extérieur, e-banking….) destinés à la clientèle privée et corporate à l'image des autres banques de la place. Toujours dans une perspective de conquête, le groupe espère pénétrer le marché français. Selon des informations diffusées par le site Internet de RIBH, un portail de promotion de la finance islamique : "Nombre de banques islamiques ont déjà demandé des autorisations d'exercer sur le territoire français, et des produits financiers islamiques devraient être introduits sur le marché français avant la fin de l'année." Selon les responsables du groupe Al Baraka, la clientèle ciblée serait les Maghrébins résidant en France. La Conférence Euromoney sur la Finance Islamique, qui devrait se tenir à Paris en présence de la ministre de l'économie et des finances, Christine Lagarde, les 29-30 septembre 2009 à l'hôtel Le Bristol, pourrait être l'occasion de nouvelles annonces. Il faut savoir que les flux financiers hallal atteignent actuellement 840 milliards de dollars. Selon Anouar Hassoune, vice-président, responsable crédit et coordination internationale pour la finance islamique au sein de Moody's, la finance islamique demeure très intermédiée, dominée par les institutions financières : banques et compagnies takaful. Ajoutant par ailleurs que l'un des défis majeurs auquel est confronté le développement de la finance islamique réside dans l'extension de la place donnée aux fonds islamiques, et au financement lié aux sukuks. Celui-ci indique par ailleurs que le marché des sukuk représentait 85/86 milliards de dollars au milieu de l'année 2007. ce montant est passé à plus de 100 milliards en 2008 avec un taux de croissance en 6 mois de 75%. Quelle est l'importance des sukuk à l'heure actuelle ? Le marché des sukuk est passé de 97 milliards en 2008 à 110 milliards de dollars à ce jour. M. Hassoune indique également que le marché continue de croître mais à un rythme bien moins élevé. Le tarissement de la liquidité a considérablement fait augmenter les primes d'émission. Les conditions de refinancement via l'industrie des sukuks ne sont plus aussi rentables. Et d'ajouter que la taille moyenne des sukuk a considérablement diminué. Il y a plus de sukuks en unité dans le monde, mais les volumes sont moins importants. L'expert considère aussi que le développement de la finance islamique en Europe reste diffus. Au Luxembourg, ont été créés essentiellement des fonds. En Europe du Nord, la finance islamique est quasiment inexistante. En Europe du Sud, on en est à peine au stade de la réflexion. Mais il indique que c'est aux Etats-Unis que la finance islamique a commencé plus tôt, en 1987, avec une banque qui s'appelle Lariba. Il estime néanmoins que si la crise financière a été terrible en soi, elle a plutôt été une bonne chose pour la finance islamique. Elle a permis de mettre en lumière sa résilience. Notons que plusieurs experts en finance considèrent que la montée de la finance islamique n'est pas le fait du hasard, c'est une conséquence directe de la crise financière et économique qui sévit actuellement. Contrairement à la finance conventionnelle, qui est périodiquement frappée par des crises plus ou moins sévères, la finance islamique est maintenant considérée comme un système financier stable capable de promouvoir la croissance et la création d'emplois stables. Elle exclut l'intérêt, la spéculation, le marché secondaire de la dette et se base sur les activités de production et de commerce réelles. Elle est immunisée contre l'expansion de l'usure et la spéculation, qui sont des caractéristiques de la finance conventionnelle et qui ont déstabilisé même les systèmes financiers les plus avancés. Isma B.