Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a réaffirmé mardi que son pays ne suspendra plus jamais son programme d'enrichissement d'uranium -une étape que Washington juge essentielle pour les négociations entre les Etats-Unis et l'Iran. Les demandes de suspension sont "illégitimes" et "ne prendront jamais effet", a souligné Mottaki au cours d'une conférence de presse à Téhéran. Toutefois, il a ajouté que son pays était prêt à négocier son programme nucléaire "sans aucune condition préalable". L'Iran avait suspendu ses activités nucléaires au début des années 2000 en geste de bonne volonté en prélude à des négociations conduites avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne mais Téhéran avait repris son programme d'enrichissement d'uranium quand il a estimé que ces négociations ne conduisaient nulle part. Aussi, les Six ont commencé lundi à Londres à travailler sur une nouvelle résolution du Conseil de sécurité contre l'Iran, qui refuse de suspendre son enrichissement d'uranium, jugeant "illégitime et illogique" la demande de l'ONU en ce sens. Il y a "beaucoup de chance" pour que les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU puissent s'entendre "rapidement" sur une deuxième résolution sur l'Iran, accompagnée de sanctions économiques, a déclaré mardi le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. "Nos directeurs politiques se sont rencontrés hier (lundi) à Londres et il y a beaucoup de chance pour que, rapidement, nous puissions nous mettre d'accord tous ensemble, les Russes, les Chinois, les Américains, les Britanniques et les Français pour une deuxième résolution avec des sanctions économiques", a déclaré le ministre français sur la chaîne de télévision LCI. La réunion de lundi se tenait au niveau des directeurs politiques et n'a débouché sur "aucune décision", avait annoncé dans la soirée le Britannique John Sawers, qui la présidait, tout en la jugeant "productive". Il a précisé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie) et l'Allemagne avaient "commencé à travailler à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, à partir de la résolution 1737". "Nous sommes tous déterminés à rechercher une solution négociée. (...) Aucune décision n'a été prise. Nous avons été encouragés par le sérieux des discussions, elles se poursuivront avec d'autres contacts plus tard cette semaine", a-t-il ajouté dans un communiqué. Le département d'Etat américain a annoncé dans la soirée que les Six se consulteraient par téléphone jeudi en espérant se mettre d'accord sur les éléments à intégrer dans cette nouvelle résolution. Le porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair avait auparavant insisté sur "l'unité de la communauté internationale" face à "la violation continue" par Téhéran de ses obligations. La détermination de la communauté internationale ne faiblit pas, "bien au contraire", avait-il affirmé. "Les gens veulent clairement aller plus loin". Ce que les Etats-Unis attendent de ces réunions est "une nouvelle résolution du Conseil de sécurité ou des mesures additionnelles (...) qui accentueront la pression diplomatique sur l'Iran", a précisé Sean McCormack, porte-parole du Département d'Etat. La Maison Blanche a également affirmé ne pas avoir l'intention d'attaquer l'Iran, mais a aussi réaffirmé que l'option militaire restait une possibilité. Moscou s'était plus tôt lundi publiquement inquiétée d'éventuelles frappes militaires américaines contre l'Iran, après les menaces voilées du vice-président américain Dick Cheney ce week-end. Le porte-parole du gouvernement iranien Gholamhossein Elham a pour sa part affirmé lundi que la demande du Conseil de sécurité d'une suspension de l'enrichissement était "illégitime et illogique, et contraire à la volonté nationale" des Iraniens. Il a réaffirmé la volonté de l'Iran "de trouver une solution à travers des négociations". Mais si l'Iran est prêt à examiner "positivement" une demande officielle de négociation de Washington, il rejette la condition préalable de la suspension de l'enrichissement d'uranium, a précisé Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. La réunion de lundi faisait suite au constat jeudi dernier par l'AIEA que l'Iran n'a pas respecté la résolution 1737 du Conseil de sécurité de l'ONU qui en décembre lui avait donné 60 jours pour suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. Ce procédé peut être utilisé à des fins à la fois civiles et militaires, alimentant les craintes que Téhéran ne se dote de l'arme atomique.