Une semaine à peine après que le président vénézuelien eut invité le Turkménistan, ex-république soviétique riche en gaz, à rejoindre le Forum des pays exportateurs de gaz, les spéculations vont bon train, encore une fois, sur la création d'une organisation de régulation du marché du gaz, similaire à l'Opep. Ce à quoi le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a tenu à répondre en affirmant que le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), dont l'Algérie est l'un des membres, se veut "un cadre d'échange et non pas un organisme de régulation". En effet, le ministre a déclaré, dans un entretien publié hier par "Pétrole et Gaz Arabes" (PGA), que "l'institutionnalisation du Forum donnera aux pays gaziers un cadre approprié pour des échanges d'expériences et d'informations en vue d'une croissance stable mais soutenue de leurs industries gazières. Il est avant tout un cadre d'échange et non pas un organisme de régulation ". Et de préciser que "le Forum permettra de discuter des programmes de développement ainsi que d'étudier et d'analyser les prévisions de production et de demande sur les divers marchés du gaz, afin d'anticiper des pénuries et des surinvestissements, préjudiciables à tous, producteurs et consommateurs, et même pour l'industrie gazière dans son ensemble". Le ministre a rappelé aussi, et pour la énième fois, les spécificités du marché gazier "différent de celui du pétrole, qui a son propre modèle économique" . " C'est un marché en constante progression pour l'avenir prévisible. Il est d'une configuration particulière, avec des chaînes gazières assez rigides, mettant en jeu, dans de nombreux cas, des monopoles ou, du moins, des oligopoles puissants. C'est un marché dont les échanges se globalisent de plus en plus, mais, il est régi par ses propres règles", a-t-il expliqué, signalant que "les coûts des infrastructures et les coûts de transport et d'acheminement étaient constamment orientés à la hausse, et, ce, jusqu'à l'avènement de la crise actuelle". "L'un des objectifs du Forum est d'optimiser les performances de l'industrie et de permettre aux acteurs de se concerter sur les défis à surmonter. Il s'attellera à l'établissement d'une base de données, à sa gestion et à sa mise à jour, ainsi qu'à la production d'études des divers marchés et de leurs perspectives", a indiqué M. Khelil, précisant que le FPEG "sera le cadre dans lequel les pays membres se réuniront régulièrement pour des échanges d'information sur leurs plans de développement, notamment ceux pour l'exportation, et sur leur apport aux approvisionnements gaziers mondiaux". "Ces données, études et échanges d'information seront utiles pour un développement harmonieux de leurs industries et de l'industrie gazière mondiale", a-t-il ajouté. Notons, dans ce sens, que pour ce qui est du marché gazier la donne du GNL semble de plus en plus prendre d'importance. Ainsi, les pays producteurs ont beaucoup investi dans la liquéfaction et, à l'autre bout de la chaîne, les consommateurs se sont dotés d'importantes infrastructures de regazéification. Le GNL apparaît indéniablement comme un vecteur essentiel de l'expansion gazière mondiale. Le commerce du GNL reste promis à un développement rapide, de l'ordre de 7 %/an d'ici à 2020, ce qui porterait sa part dans les échanges gaziers internationaux à quelque 38 % à cet horizon. Pour ce qui est de la production de l'Algérie en gaz, le ministre a indiqué que notre pays "augmentera graduellement ses exportations de gaz pour atteindre 85 milliards de mètres cubes à l'horizon 2014, dont la moitié en gaz naturel liquéfié". "L'objectif de 85 milliards de m3 par an sera réalisé par l'achèvement des travaux du Medgaz reliant l'Algérie à l'Espagne, d'une capacité de 8 milliards de m3 par an", a indiqué le ministre. Celui-ci a également rappelé d'autres projets visant à augmenter les capacités d'exportation à travers le Transmed reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie et le gazoduc Galsi, en projet, qui reliera directement l'Algérie à l'Italie. "Ces trois gazoducs permettront d'augmenter les exportations de gaz d'environ 21 milliards de m3/an auxquelles s'ajouteront la mise en service des unités de GNL de Skikda et d'Arzew, qui sont en cours de réalisation pour augmenter la capacité d'exportation de 15 milliards de m3/an au moins au cours des cinq prochaines années", a-t-il ajouté. M. Khelil a, par ailleurs, signalé le projet de réalisation du Trans-Saharian Gas Pipeline (TSGP), un grand gazoduc devant relier le Nigeria à l'Europe, via l'Algérie. "Le projet a franchi une importante étape dans sa concrétisation avec la signature, au début juillet à Abuja, de l'accord intergouvernemental entre les trois pays concernés. Le TSGP devrait acheminer 20 à 30 milliards m3/an de gaz naturel du Nigeria vers l'Europe via l'Algérie et le Niger à partir de 2015", a-t-il rappelé. Concernant les prévisions des recettes provenant de l'exportation des hydrocarbures pour l'année en cours, le ministre a indiqué que "l'Algérie a engrangé presque 20 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures au premier semestre de l'année 2009. Ce chiffre n'est pas éloigné de celui réalisé au cours du premier semestre de l'année 2007". "A la fin du mois de juillet dernier, le chiffre d'affaires depuis le début de l'année était de 23,3 milliards de dollars pour un prix moyen du pétrole brut de 54 USD/baril. La prévision pour l'ensemble de 2009 serait de l'ordre de 41 milliards de dollars avec l'hypothèse d'un prix moyen sur le reste de l'année de 50 USD/b", a-t-il ajouté. S.G.