Le Centre culturel français d'Alger organise, aujourd'hui, dans la salle d'exposition de l'institution, une expo plastique du photographe français, Gérard Rondeau. Ce rendez-vous qui s'étalera jusqu'au 29 octobre prochain, serait un vaste panorama des réalisations de ce photographe hors pair, ayant passé plus de 15 années et à la demande de la Direction des musées de France ainsi que de la Réunion des musées nationaux, à régulièrement photographier des musées et des expositions temporaires, et en particulier celles présentées à Paris, aux Galeries nationales du Grand Palais. Pour lui, il ne s'agissait pas de réaliser des reportages sur les oeuvres, les bâtiments ou leurs visiteurs , mais plutôt il'agissait à son gré, en promeneur libre de ses mouvements, sans autre programme que celui d'évoquer autrement - ou de saisir de l'intérieur, pourrait-on dire - des lieux redoutablement chargés de mémoire et déjà infiniment photographiés, ainsi que le travail méticuleux et secret que la présentation d'œuvres d'art prestigieuses exige. L'exposition regroupe plusieurs photographies, prises pour la plupart dans les Galeries nationales du Grand Palais ; les autres montrent, sous des aspects souvent inattendus, plusieurs musées nationaux : le musée d'Orsay, le musée Picasso, le musée de Port-Royal-des-Champs, le musée Jean-Jacques Henner. Selon un critique du Nouvel Obs, Gérard Rondeau s'est imposé " depuis une quinzaine d'années comme l'un des photographes les plus reconnus et pourtant les plus insaisissables qui soient. […] Il est moins l'homme de l'instantané que de la durée. Raconter pour lui vaut mieux que montrer. Vingt ans de patience et d'observation sont préférables à la grâce unique d'un soixantième de seconde. Rondeau, en un mot, aime les longs parcours. Ou les longues commandes. Quinze ans à explorer les musées nationaux. Le même temps à suivre les Médecins du Monde en Bosnie et au Kurdistan, sur le tsunami et en Roumanie, etc. "Quand on prend le temps de voir, tout se construit ", dit-il. " Ses livres et ses expositions ressemblent à des journaux intimes, à des romans. Rondeau s'engage ainsi. Avec ce que l'engagement suppose de patience ". Né en 1953 à Châlons-sur-Marne (France), Gérard Rondeau qui vit actuellement en Champagne a longtemps parcouru l'" autre Europe " des Balkans aux Pays baltes, mais s'est aussi intéressé à la Champagne, au Maroc, au Bénin..." La photographie vécue comme témoignage et comme action. Une œuvre de mémoire sur le vif, avec des monuments revisités, musées déménagés dans un grand courant d'air, statues promises à l'envol mais aussi villes et visages ruinés, lieux blessés, zones en souffrance. Gérard Rondeau est autant le reporter de ce qui dure que le portraitiste de l'éphémère. Selon André Velter, Gérard Rondeau sait donner du temps au fugace ou dilapider les siècles, saisir des instants de pierre, sculpter des destinées. Avec lui, pas de décors et peu d'acteurs, même au théâtre. Il préfère les coulisses à la scène, les répétitions aux représentations, les chantiers aux inaugurations. Ses images refusent tout effet de masque : elles se veulent au-delà du constat, du côté d'une révélation simple qui mesure le poids des éléments et l'évidence des êtres. Son monde en noir et blanc est un prisme sans spectacle, en quête d'une lumière secrète, d'un effroi, d'une ancienne rumeur. " En presque deux décennies, Gérard Rondeau a photographié de nombreuses personnalités dans tous les domaines intellectuels, culturels et artistiques, le plus souvent pour le journal Le Monde : Georges Steiner, Jürgen Habermas, Jean Baudrillard, Jacques Derrida, Nathalie Sarraute, Béatrice Beck, Florence Delay, Louis-René des Forêts, André Dhôtel, Albert Cossery, Patricia Highsmith, Paul Bowles, Léo Malet, Boileau et Narcejac, Max Bill, Franck Stella, Keith Haring, Roy Lichtenstein, Antonin Tápies, Pierre Soulages, Jean-Paul Riopelle, Bazelitz, Paul Rebeyrolle, Louise Bourgeois, Charlotte Perriand...